Gabon : ces 20 milliards de primes aux agents publics qui freinent les investissements prioritaires
C’est un fait à prendre en compte. Le gouvernement de transition, qui devrait être en place jusqu’en août 2025, doit faire face à d’importants défis économiques et infrastructurels, en plus d’attentes sociales très élevées du fait du changement de régime. Mais, l’espace budgétaire est à la fois très limité et de plus en plus restreint, à mesure que les revenus pétroliers diminuent. Le FMI a d’ailleurs dans sa note d’analyse publiée en mai dernier, invité les autorités à faire preuve d’un certain pragmatisme dans la dépense en vue de l’optimiser. Mais les vieilles habitudes ont la vie dure. Des questions comme celles des primes aux agents publics par exemple, obèrent toujours autant la capacité d’investissements du pays, pourtant crucial pour le sortir de son marasme économique.
Risque lié à la croissance économique, aux écarts de prévision sur les principales ressources naturelles y compris le pétrole. Risques liés à la fluctuation des indicateurs du secteur pétrolier et du taux de change, risques liés à l’évolution des taux d’intérêt ou encore au refinancement de la dette. La situation économique du pays n’est guère reluisante malgré les assurances des autorités de la transition, qui doivent composer avec les attentes refoulées des populations qui s’expriment désormais et la nécessité d’investir dans les secteurs et infrastructures prioritaires. Outre ces aspects, les autorités de la transition doivent également composer avec les intersyndicales de l’administration publique qui tiennent mordicus à leurs primes.
En effet, à l’image du ministère des transports qui peine à obtenir l’assentiment des agents organisés autour du SYNADGTT, du SYNAMM ou du SYCOTEC, c’est tout le gouvernement qui se heurte à cette question des primes. Il faut dire que celles-ci représentent une grosse vingtaine de milliards de FCFA par an et qui ont un impact significatif sur la capacité d’investissements dans le pays, tant elles exercent des pressions diverses sur les finances publiques. Augmentant la masse salariale, ces primes souvent obtenues indûment par des agents au regard de l’inefficacité pointée du doigt par différents organismes, compriment le budget disponible pour les investissements publics nécessaires au développement économique.
L’attrait pour les primes, un facteur d’incitation à rejoindre la fonction publique
Alors que l’éthique dans l’administration publique devrait guider l’action des agents, ces derniers semblent bien plus attirés par ces primes que par les principes et les valeurs censés guider le comportement des fonctionnaires et des agents gouvernementaux. Une situation entraînant une distorsion en incitant les individus à chercher des emplois dans le secteur public plutôt que de créer ou de soutenir des entreprises privées, qui sont cruciales pour une économie diversifiée et dynamique. Toute chose qui entretient la dépendance aux diverses rentes pétrolières, minières et agricoles.
Avec des effets notables et perceptibles sur la compétitivité, puisque ces primes rendent les coûts de main-d’œuvre dans le secteur public non compétitifs par rapport au secteur privé, ce qui à tendance à décourager les investisseurs privés et entretenir une corruption endémique. A l’heure de la restauration des institutions. De la nécessité de les faire muter vers la culture du sacrifice et du travail bien fait, bon nombre d’agents restent sclérosés dans des habitudes qu’avaient entretenues le régime déchu et que semble vouloir perpétuer le régime actuel. Alors même que l’heure est à des réformes ambitieuses.