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Gabon : Blaise Louembe compare les démissionnaires du PDG à des «feuilles mortes»

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En tournée politique à Mouila, chef-lieu de la Ngounié, Blaise Louembe, président du Parti démocratique gabonais (PDG), a tenu des propos pour le moins tranchants à l’égard des militants démissionnaires. Face à une série de départs qui fragilise encore un peu plus la formation autrefois dominante, l’ancien ministre a préféré la ligne dure : minimiser les départs, et insulter les partants.

« Ceux qui démissionnent ne sont pas les véritables militants du parti, ce sont ceux qui sont venus par la haut qui quittent. Mais ils n’ont qu’à partir, qui les retient ? », a lâché Blaise Louembe devant ses partisans réunis à Mouila, dans le cadre de la relance de l’activité politique du PDG sur le terrain. Avant d’enfoncer le clou : « Il faut retenir, qu’à chaque fois qu’il y a du vent, il tombe toujours des feuilles mortes. »

Un langage brutal pour masquer l’érosion ?

Ces propos, comparant les démissionnaires du parti à de simples « feuilles mortes », n’ont pas manqué de faire réagir au sein de l’opinion. Car derrière la métaphore champêtre, c’est une violente désacralisation des militants dissidents que Blaise Louembe assume, révélant une stratégie du mépris plutôt que de l’analyse politique.

Pourtant, les départs s’accumulent. Depuis la chute du régime Bongo le 30 août 2023, le PDG connaît une lente mais constante décomposition. Plusieurs figures de l’ancien système ont pris leurs distances, quand d’autres préfèrent reconstruire ailleurs, ou disparaître dans le silence. En les qualifiant de traîtres, d’arrivistes, ou de poids morts, Blaise Louembe tente de resserrer les rangs autour d’un noyau dur. Mais à quel prix ?

Une posture de repli qui trahit l’essoufflement du PDG

Dans une ère de transition où les partis politiques redéfinissent leur projet, leur base et leur légitimité, le PDG semble prisonnier de ses réflexes autoritaires. Au lieu de s’interroger sur les causes profondes des départs, absence de vision, fatigue militante, rejet populaire, son président préfère jouer la carte de l’humiliation publique.

Ce type de discours n’est pas sans rappeler l’ancien logiciel politique du régime Bongo, fondé sur la peur, la fidélité inconditionnelle et l’exclusion. Une méthode qui, dans le contexte actuel, risque de faire l’effet inverse : accélérer l’hémorragie des militants et renforcer l’image d’un parti déconnecté des réalités post-transition.

Une place à libérer… ou un aveu d’échec déguisé ?

En affirmant que « plus ils partent, plus ils libèrent la place pour les jeunes », Blaise Louembe semble vouloir tourner la page d’une génération. Mais dans un parti où les structures demeurent verrouillées, quels jeunes, et pour quelle vision ? L’ouverture ne se proclame pas en slogans. Elle s’incarne dans une rupture avec le passé. Or, rien dans la méthode, ni dans le ton du président du PDG, ne laisse entrevoir une véritable refondation.


La transition politique offre une opportunité historique aux formations de se réinventer. À l’évidence, le PDG préfère se crisper plutôt que se reconstruire. Mais à force de qualifier ses ex-militants de « feuilles mortes », il risque de se réveiller un jour en constatant que c’est tout l’arbre qui a perdu ses racines.

Morel Mondjo Mouega

Titulaire d'une Licence en droit, l'écriture et la lecture sont une passion que je mets au quotidien au profit des rédactions de Gabon Media Time depuis son lancement le 4 juillet 2016 et de GMTme depuis septembre 2019. Rédacteur en chef

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