Gabon : Bilie-By-Nze dénonce l’opacité du pouvoir sur l’exfiltration de la famille Bongo

Dans un entretien accordé à Radio France Internationale (RFI) ce mardi 20 mai 2025, l’ancien Premier ministre gabonais Alain-Claude Bilie-By-Nze est revenu, sans ambages, sur le départ discret de la famille Bongo pour l’Angola. Loin des circonvolutions diplomatiques habituelles, l’ancien chef du gouvernement a dénoncé ce qu’il qualifie d’« opacité totale » dans la gestion de cette affaire qui, depuis plusieurs jours, soulève colère et incompréhension au sein de l’opinion gabonaise.
« Le pouvoir actuel a fonctionné sur la dissimulation et la manipulation. Ça se termine comme ça s’est vu aujourd’hui : dans l’opacité la plus totale », a fustigé Alain-Claude Bilie-By-Nze au micro de RFI. Pour l’ancien chef du gouvernement, le silence des autorités et leur refus d’assumer publiquement l’exfiltration de Sylvia Bongo Ondimba et de son fils Noureddin Bongo Valentin, inculpés pour des faits présumés de détournements massifs de fonds publics, relève d’un véritable mépris à l’égard du peuple gabonais.
Selon lui, « rien n’a été dit du contenu du dossier », ni sur les montants en jeu, ni sur les circuits de complicité internes supposés. Il estime qu’un tel mutisme contribue à entretenir la suspicion et à miner davantage la crédibilité de la cinquième République.
« Ce dossier est vide », soutient Bilie-By-Nze
Interrogé sur les pressions internationales qui auraient pu mener à cette libération, Alain Claude Bilie-By-Nze balaie d’un revers de main les accusations formulées notamment par le député Geoffroy Foumboula. Mais il n’en dit pas moins : « Soit ils sont coupables, il faut les juger. Soit il n’y a rien, et dans ce cas, on les libère. Ce dossier est vide. » Il va plus loin en affirmant que cette libération nocturne est peut-être le moyen pour le pouvoir en place d’éviter un procès qui aurait pu « être dangereux pour lui ».
Quant au rôle du procureur général, qui a tenté d’éteindre l’incendie avec un point de presse évoquant des motifs médicaux, l’ancien Premier ministre est catégorique : « On envoie un procureur un peu jouer les pompiers. »
Un procès improbable, une justice instrumentalisée ?
« Comment peut-on parler de haute trahison d’un côté et laisser partir les accusés de l’autre ? » s’interroge-t-il. Bilie-By-Nze doute fortement qu’un procès ait lieu, malgré les annonces du parquet. Pour lui, les autorités actuelles « avaient tout intérêt à éviter un procès, car elles n’auraient pas pu tenir face aux révélations qui en seraient sorties ».
Enfin, sur les questions de détournements, il se montre clair : « Je n’ai jamais été témoin de tels faits durant mes fonctions de vice-premier ministre ou de Premier ministre. » Et de conclure, « comment accuser des personnes qui n’étaient même pas agents publics d’avoir détourné des fonds publics ? »
Dans ce dossier aussi explosif que symbolique, Alain-Claude Bilie-By-Nze réclame des explications. Comme de nombreux Gabonais, il attend des autorités qu’elles brisent le silence et clarifient leur position. Une exigence démocratique, à la hauteur des promesses de rupture et de transparence faites lors de la transition.
GMT TV