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Gabon : baisse des exportations, de l’épargne, des recettes et hausse de la dette

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Dans son dernier billet relatif aux consultations effectuées au Gabon au titre de l’article IV, le Fonds monétaire international (FMI) a mis en garde les autorités de la transition sur la trajectoire économique et les perspectives adossées à leurs décisions. Entre déséquilibres budgétaires, accumulation d’arriérés de paiement de la dette, augmentation de la dette publique, baisse des exportations, de l’épargne et des recettes à l’horizon 2025, les perspectives seront confrontées à des vents contraires importants. Toute chose qui nécessite dès à présent de revoir notre copie en matière d’arbitrages budgétaires pour éviter un éventuel ajustement structurel. 

Si on se base sur les indicateurs économiques sur la période 2022-2025 fournis récemment par le Fonds, l’économie gabonaise devrait continuer de subir le contrecoup des importants déficits non pétroliers accumulés sur la période 2022-2023 avec en point d’orgue une dette publique qui devrait représenter plus de 78% du Produit intérieur brut (PIB). Au-dessus du plafond de la CEMAC, ce ratio devrait avoir une incidence majeure et grandement peser sur l’accumulation de réserves. Partant du constat que la production de richesse liée au secteur pétrolier devrait connaître un déclin progressif, les administrateurs du Fonds ont tiré la sonnette d’alarme. 

En effet, s’ils ont salué la consolidation du Compte unique du Trésor et la numérisation des services gouvernementaux, tout en encourageant les autorités « à combler les lacunes restantes dans les cadres de gouvernance des entreprises publiques », le fait est que les principaux agrégats macroéconomiques devraient se déprécier dans les grandes largeurs et dans de fortes proportions à l’horizon 2025. Une croissance du PIB qui ne devrait être que de 2,7% en 2025, une épargne nationale brute  qui ne devrait représenter que 35,7% du PIB sur la même période contre 40,6% en 2022 et des exportations de biens et services qui devraient représenter moins de 38% du PIB d’ici 2025 sont les principales informations actuelles.

Une accumulation d’arriérés de paiement de la dette publique

Tous ces éléments, selon les administrateurs du Fonds, principal créancier du PIB avec 10% de l’encours comme le révélait Charles Mba, ministre des Comptes publics il y a quelques mois, devraient peser sur l’accumulation de réserves. Pourtant stratégiques pour l’avenir du pays. Les perspectives devraient donc être « confrontées à des vents contraires importants », renforcées comme nous l’avons énoncé en ouverture, par « la perspective d’un déclin progressif de la richesse pétrolière ». Dans un tel contexte et pour éviter de retomber dans les travers qui ont obéré le développement du pays au cours des 14 dernières années pour rester dans un passé pas si lointain, la question de la gestion de la dette et des investissements, ainsi que celle de la gestion de la masse salariale et de la fonction publique, devront être de nouveau placées au coeur des débats. 

Des questions d’autant plus importantes qu’il faudra mobiliser sur la période 2024-2026, pas moins de 3697 milliards de FCFA pour les projets structurants contenus dans le PNDT dont 213 milliards de FCFA pour les projets estampillés “CTRI”, mettant ainsi la question de l’investissement au cœur de la dépense publique sur cette période. Avec un premier recul de l’ordre de 88% du paiement de la dette en avril 2024, une masse salariale qui devrait augmenter de près de 80 milliards de FCFA et une fonction publique toujours aussi peu dynamique, l’exécutif devra très rapidement se remobiliser pour éviter que les prévisions du FMI se matérialisent.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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