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: « Nous travaillons pour le vert, le jaune et le bleu »

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À la tête de l’Office national du développement du Sport et de la Culture (ONDSC) depuis 3 ans, Joannick Ngomo Obiang nous a reçu Gabon Media Time, récemment au siège social de ladite structure, bras seculier de l’Etat en matière de promotion du sport et de la culture. De sa vision pour le Gabon à son bilan à mi-parcours en passant par la situation des Panthères, le Directeur général fait le point.

Gabon Media Time (GMT) : Pouvez-vous revenir sur les missions de l’ONDSC?

Joannick Ngomo Obiang (JNO) : Bonjour, je vous remercie pour votre déplacement au siège de l‘ONDSC. Cette structure a des missions diverses et variées. Elles vont de l’acquisition de matériels sportifs et socio-éducatifs, la détection et la formation des nouvelles élites sportives, le fonctionnement des fédérations et des ligues, des associations sportives, l’organisation des compétitions sportives départementales, régionales, nationales et internationales, l’entretien et l’encadrement puis le suivi médical des sportifs de haut niveau.

Le directeur général de l’ONDSC Joannick Ngomo et le Rédacteur en chef de Gabon Media Time lors de l’entretien © D.R.

À cela s’ajoutent la réhabilitation des infrastructures sportives, mais également l’entretien des stades qui ont été construits pour les Coupes d’Afrique des Nations (CAN) 2012 et 2017. L’ONDSC s’occupe aussi des 3 hôtels Heliconia qui se trouvent dans le Haut-Ogooué. Et pour la partie culturelle, on va se déployer bientôt, avec le nouveau ministre en charge de la question, sur la construction des maisons de jeunes. La première étant celle de Franceville dont l’appel d’offres a déjà été lancé. La construction devrait commencer bientôt. 

Comment jugez-vous votre bilan à mi-parcours ?

Je vous remercie de dire que je suis à mi-parcours. Cela veut dire que vous me voyez poursuivre ma mission. Primo, je n’ai pas d’appréciation spécifique dessus. Je pense que c’est plutôt aux autres de juger ce que j’ai fait. Deuxio, pour faire un bilan d’étape, il est judicieux de regarder ce qui a été fait avant. Combien de plateaux ont-ils construits, combien j’en ai construits ? Les innovations que j’ai emmenées et celles de mes prédécesseurs. Avant, il n’y avait pas vraiment de plateaux sportifs, il y en a un peu plus aujourd’hui. Il n’y avait pas de parc urbain, il y en a déjà un à Akanda et il y en aura plusieurs autres, j’ose l’espérer dans le Gabon très prochainement. Et au niveau des maisons de jeunes, elles n’existaient pas non plus, mais comme je vous l’ai dit la première est en construction et ainsi de suite. Vous verrez tout au long de l’année les nouvelles qui vous viendront de l’ONDSC.

Lors de la livraison du parc d’Akanda vous annonciez un déploiement vers l’intérieur du pays. Où en sommes-nous ?

Effectivement, le parc urbain est une initiative de l’ONDSC qui n’était pas inscrite dans la loi de finances. Mais c’était un projet pilote qu’on a présenté aux autorités de l’époque. Le but était d’en faire au moins 9 pour qu’il y en ait un parc par province. Cela avait été validé par l’ancienne hiérarchie. Il s’agira maintenant de le refaire valider par la nouvelle pour qu’on puisse se déployer le plus rapidement possible dans les 9 provinces en même temps. Et que tout le monde puisse profiter à juste titre des parcs urbains.

Est-ce qu’en dehors des capitales provinciales, le projet à vocation à s’étendre dans les villes secondaires ? 

Le projet a vocation à s’étendre selon la disponibilité premièrement des terrains qu’on pourra nous fournir et deuxièmement du financement qu’on pourra obtenir. Je le rappelle encore une fois, c’est l’Office national du développement du sport, de la culture, mais aussi des loisirs. Ce qui est bien dans le parc urbain, c’est qu’il réunit les trois pans en même temps : sport, culture et loisir. Je pense donc que la population réagira bien, si nous nous déployons dans le maximum de villes possible. Tout dépendra encore une fois du financement qu’on pourra nous accorder cette année. 

Le directeur général de l’ONDSC Joannick Ngomo Obiang lors de la visite du village artisanal de la Tropicale à Oyem © D.R.

L’ONDSC est financé par un compte d’affectation spécial (CAS) qui reçoit des subsides d’une taxe qui s’appelle les droits d’accises. C’est la taxe sur les jeux de hasard, sur l’alcool et sur le tabac. Malheureusement, l’office ne prend pas l’entièreté de la taxe. Nous récupérons entre 10 à 15 % de cette taxe. Le reste étant utilisé pour d’autres aspects de l’économie gabonaise, pour des remboursements internationaux, voire pour d’autres agences qui ont besoin de financement. Aujourd’hui, si cette subvention pouvait passer le palier de 10 à 15 % pour l’amener à  30-45%, cela permettrait d’avoir une marge plus grande pour pouvoir réaliser ce genre d’édifices. 

Que répondez-vous à ceux qui disent qu’en qualité de sportif vous privilégiez ce pan plutôt que la culture ? 

Je leur réponds tout naturellement que j’adore autant le sport que la culture gabonaise. Néanmoins, il faut toujours respecter la loi et pour l’instant la loi sur le compte affectation culture n’est pas établie. Elle est passée à l’Assemblée nationale et au Sénat. Mais, financièrement parlant, je ne peux pas utiliser l’argent du CAS sport pour la culture.

Pour l’instant, nous trouvons des astuces pour aider la culture, mais il faudra que ce soit plus clair. Il faudra un CAS sport d’un côté et un CAS culture de l’autre. Et ce, pour savoir exactement qui dépense quoi et pour qui, qui gagne quoi pour qui ? Sinon la culture va vouloir manger sur le sport et vice versa. Il faudrait qu’il y ait une vraie délimitation qui soit faite par les nouvelles autorités. Là au moins l’ONDSC pourrait se déployer davantage au niveau culturel. Mais nous travaillons d’arrache-pied avec le secrétaire général du ministère de la Culture pour mettre en place des mécanismes qui pourront aider les acteurs culturels gabonais.

À l’instar de tous les Gabonais, vous avez certainement été déçu du résultat de Nouakchott. Quelle lecture faites-vous de cette énième désillusion ?

Là, je vais vous parler en tant que Gabonais d’abord. J’ai été profondément touché par cette défaite parce que malheureusement, je voyage avec les Panthères. Je dis malheureusement parce que voilà 3 déplacements que je vais à l’extérieur et cela fait 3 fois que l’on se fait laminer. J’en avais les larmes aux yeux. Certaines personnes ont pu constater que nos Panthères sont rentrées en taxi, ce n’est pas de mon fait. C’est juste que je suis gestionnaire des bus et l’information n’a pas été passée au chauffeur pour venir les chercher. Peut-être que la prochaine fois en cas de victoire ils auront des bus qui viendront les attendre à l’aéroport.

Un mot sur le contrat du sélectionneur des Panthères actuel, Patrice Neveu.

Comme il est stipulé dans le contrat, Patrice Neveu avait un objectif à atteindre pour pouvoir poursuivre l’aventure. Malheureusement, l’objectif n’a pas été atteint pour la première partie, à savoir la qualification pour la CAN donc il faut en tirer les conclusions essentielles. Et surtout, il faut en tirer les conclusions légales parce qu’il a un contrat. Il faut lire le contrat parce que dans le contrat, il est écrit noir sur blanc qu’en cas de défaillance sur l’un ou l’autre, l’État gabonais est susceptible de mettre fin à cette relation professionnelle. Donc j’en parlerai avec le nouveau ministre. Je pense qu’il serait grand temps de mettre un coup de pied dans la fourmilière pour qu’on parte sur de bonnes bases avec peut-être de nouvelles personnes.

Le changement de régime a-t-il eu un impact sur le fonctionnement normal de l’ONDSC?

Le changement de régime n’a pas eu d’impact spécifique sur l’ONDSC pour la simple et bonne raison que je dis toujours la même chose à toutes les personnes qui travaillent ici. Nous ne travaillons ni pour un président ni pour une personne, nous travaillons pour un pays. Donc que le président s’appelle Pierre, Paul, Jacques, François ou Benjamin, cela ne change absolument rien. Nous travaillons ici pour 3 choses, le vert, le jaune et le bleu, c’est tout.

Quelles sont les perspectives de l’ONDSC à court, moyen et long termes?

Dans le court-terme, ce que j’aimerais faire, c’est terminer le programme que j’ai mis en place sur les plateaux sportifs. À savoir pouvoir donner des plateaux sportifs de qualité à toutes les populations, et ce, dans toutes les provinces du Gabon. Ainsi que les parcs urbains et les maisons de jeunesse. C’est-à-dire qu’il faut qu’il y ait une maison de jeunesse pour tous les jeunes de toutes les provinces. Cette maison de jeunesse doit être composée d’une salle multimédia, de bibliothèques, de formation, de conseillers en formation pour pouvoir les réorienter quand ils ne sont pas dans la bonne province. Chaque province a sa spécificité. Certaines provinces sont sur les mines, d’autres l’agriculture. Il faut donc que ce soit en communion avec ces symboles. Justement, nous devons travailler avec le ministère d’abord du travail pour savoir quels sont les débouchés sur lesquels peuvent atterrir les jeunes qui vont aller dans ces maisons des jeunes.

Plateau sportif de Franceville offert par l’ONDSC à la jeunesse © D.R.

Si quelqu’un travaille bien, cela fait un effet boule de neige. Au début, c’est juste une petite boule, vous la poussez un peu, à la fin quand vous êtes en bas de la montagne, qu’est-ce que vous voyez arriver ? C’est une avalanche.

Que ce soit moi ou pas le directeur général, j’ose espérer que d’ici 10 ans l’ONDSC aura fait tellement de plateaux sportifs, de maisons de jeunes et de parcs urbains. C’est l’édifice, la construction qui aura été faite qui importe. Moi, c’est tout ce qui m’importe. Donc si je travaille bien, tant mieux, on me garde. Si je ne travaille pas bien, il faudra m’enlever. Il faudra mettre quelqu’un qui sera en capacité de régénérer l’office et lui donnera une nouvelle dimension. Nous sommes là pour aider le Gabon quel que soit l’endroit. Si demain, on me dit que je peux aider le Gabon en étant laboureur à Kinguélé ou agriculteur à Mimongo, on le fera assurément.

Quel est votre mot de fin?

Vive le sport, vive la culture, vive le Gabon.

Lyonnel Mbeng Essone

Rédacteur en chef adjoint, je suis diplômé en droit privé. J'ai longtemps fourbi mes armes dans les cabinets juridiques avant de me lancer dans le web journalisme. Bien que polyvalent, je me suis spécialisé sur les questions sociétés, justice, faits-divers et bien sûr actualités sportives.

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