Violation du couvre-feu : vers une normalisation des dérives policières ?
Restaurer les institutions, rompre avec les dérives autoritaires du régime d’Ali Bongo Ondimba et redonner leur dignité aux gabonais. C’étaient les promesses faites par les militaires dès leur prise du pouvoir le 30 août 2023. Cependant, plus d’un an après, force est de constater que certains s’accordent des largesses avec le droit. Ce fut encore le cas ces derniers jours après que des compatriotes pris en flagrant délit de violation du couvre-feu se soient fait raser le crâne, portant ainsi atteinte à leur dignité.
Entre racket des automobilistes, assaut de gardes républicains dans l’enceinte d’un commissariat de Police, humiliation de syndicalistes de la SEEG et de jeunes présumés délinquants à Port-Gentil. Les dérives policières qui se multiplient sans que la hiérarchie ou le procureur ne s’en saisisse, commencent à laisser planer le spectre d’une impunité généralisée. D’ailleurs, certains acteurs politiques n’hésitent plus à donner de la voix, à l’instar du 4e Vice-président de l’Assemblée nationale de Transition, Geoffroy Foumboula, qui n’a pas manqué de condamner la dernière atteinte à l’intégrité physique de compatriotes ayant violé la mesure de couvre-feu.
Une loi qui ne s’applique qu’aux autres ?
Qui pour mettre un terme aux dérives répétées des hommes en uniforme ? C’est toute la question, au regard du sentiment d’injustice exprimé par certains jeunes qui, dans certains extraits qui ont circulé sur la toile, affirment avoir été rasés avec une même gilette. Une démarche qui, non seulement porte atteinte à leurs droits fondamentaux reconnus par la Charte de la Transition, et repris à l’article 12 de la nouvelle Constitution adoptée par référendum, mais met également en danger leur santé. Si Geoffroy Foumboula a affirmé qu’il entend saisir les ministres de l’Intérieur et de la Défense nationale afin que cessent ces pratiques, difficile de dire si la hiérarchie saura prendre des mesures appropriées.
Déjà lors de l’altercation au commissariat de police de Nzeng-Ayong dans le 6e arrondissement de Libreville entre des éléments de la Garde républicaine et ceux de la Police nationale, la hiérarchie avait promis une enquête au terme de laquelle des mesures devaient être prises. Depuis lors, aucune communication sur la question au point d’alimenter la thèse d’une forme d’impunité qui ferait que la loi ne vaut que lorsqu’il s’agit de l’appliquer à une partie de la population.