Union africaine : Libreville candidate à accueillir deux sommets panafricains

C’est une page diplomatique majeure que Brice Clotaire Oligui Nguema a tournée, en annonçant officiellement, lors de son discours d’investiture, le retour du Gabon au sein de l’Union africaine. Une réintégration actée lors de la session du Conseil Paix et Sécurité de l’UA, tenue à Addis-Abeba le 30 avril 2025, et saluée comme un signal fort du retour du pays dans le concert des nations. Mieux encore, Libreville se projette déjà comme un hub politique continental, en se portant candidate à l’organisation de deux grands sommets panafricains.
Le retour du Gabon dans le giron continental. Suspendu des instances de l’Union africaine au lendemain du coup d’État militaire du 30 août 2023, le Gabon n’a cessé, depuis, d’envoyer des signaux de normalisation et de volonté de restauration de l’ordre constitutionnel. L’élection présidentielle du 12 avril dernier, remportée avec 94,85% des suffrages par le président Oligui Nguema, a permis de sceller cette transition.
« Le Gabon voudrait se réjouir de son retour dans la grande famille de l’Union africaine, telle qu’actée par la réunion du Conseil Paix et Sécurité du 30 avril 2025 à Addis-Abeba », a déclaré le chef de l’État, en présence de plusieurs chefs d’État africains, venus assister à la cérémonie d’investiture. Il a, dans la foulée, salué la médiation active de Joao Lourenço, président de la République d’Angola et président en exercice de l’UA, dont l’implication aura été déterminante dans le processus de réintégration.
Libreville, capitale diplomatique en devenir
Forte de ce retour symbolique et politique, la diplomatie gabonaise semble désormais résolue à faire de Libreville un centre de gravité institutionnel pour l’Afrique centrale. Brice Oligui Nguema a annoncé deux candidatures majeures : celle du 8e sommet de coordination de l’Union africaine, prévu en 2027, et celle du 22e sommet de l’Union africaine, que le Gabon espère accueillir en 2030.
Un demi-siècle après avoir organisé en 1977 le sommet de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), Libreville entend renouer avec son héritage diplomatique. « Cinquante ans après avoir accueilli le sommet de l’OUA, mon pays souhaite bâtir à nous le huitième sommet de la coordination de l’Union africaine », a déclaré Oligui Nguema, dans un discours à forte tonalité panafricaniste.
Un signal d’ouverture et de repositionnement
Au-delà de l’aspect symbolique, cette ambition traduit une volonté de repositionnement stratégique du Gabon dans le jeu africain. Membre clé de la CEEAC et observateur actif de la situation en Afrique centrale, le pays veut désormais jouer un rôle de médiateur et de facilitateur, tout en affichant son engagement pour une intégration régionale plus effective.
Ces annonces interviennent dans un contexte où plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre s’interrogent sur l’avenir du multilatéralisme africain, ébranlé par des transitions politiques récurrentes. Le Gabon, par la voix de son nouveau président, affirme ainsi son choix d’un retour dans l’arène internationale par la voie de la légitimité électorale, de la diplomatie inclusive et du respect des engagements communautaires.
Une diplomatie à reconstruire, des ambitions à confirmer
Reste à traduire ces intentions en actes concrets. Car au-delà des déclarations, l’organisation de deux sommets de l’UA suppose des engagements logistiques, financiers et diplomatiques importants. Le succès de ces candidatures dépendra aussi de la capacité du Gabon à démontrer sa stabilité, son influence et sa crédibilité sur la scène continentale.
Le chantier est vaste, mais le signal est clair : Libreville veut redevenir un acteur central de l’Afrique qui décide.
GMT TV