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Transition démocratique gabonaise : une expérience à valoriser sur le continent ?

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Avec l’investiture, le 3 mai 2025, de Brice Clotaire Oligui Nguema comme président élu, le Gabon a officiellement tourné la page d’une transition militaire inédite entamée le 30 août 2023. Saluée par de nombreux observateurs africains et internationaux, cette période de transition soulève une question centrale : peut-elle servir de modèle pour d’autres États confrontés à des crises de gouvernance sur le continent ?

Un processus de transition maîtrisé et inclusif. Dès les premières heures du renversement du régime d’Ali Bongo Ondimba, le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) a affiché une volonté claire : rétablir l’ordre institutionnel, restaurer la confiance et redonner la parole au peuple. Contrairement à d’autres transitions africaines, le Gabon s’est illustré par la publication d’un chronogramme précis, le respect d’échéances politiques et un dialogue ouvert avec les forces vives de la nation.

« Le Gabon est devenu un exemple de transition réussie en Afrique », a d’ailleurs déclaré le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra lors de la cérémonie d’investiture, saluant la maturité du peuple gabonais et l’esprit de responsabilité des autorités de la transition.

Un retour rapide à l’ordre constitutionnel

Moins de vingt mois après le coup d’État, l’élection présidentielle du 12 avril 2025 a permis de réinstaller la légitimité démocratique au sommet de l’État, avec un taux de participation élevé et un scrutin salué pour sa transparence. Ce retour à l’ordre constitutionnel sera complété d’ici décembre 2025 par les élections législatives, locales et sénatoriales, ainsi que la mise en place du Conseil économique, social, environnemental et culturel (CESEC) et de la nouvelle Cour constitutionnelle.

Cette séquence électorale témoigne de la volonté des autorités gabonaises de respecter leur parole, un fait suffisamment rare sur le continent pour mériter d’être souligné.

Un modèle encore perfectible, mais porteur de leçons

Si tout n’a pas été parfait — notamment en matière de communication institutionnelle et de certaines lenteurs administratives — la transition gabonaise aura au moins démontré qu’il est possible de conjuguer réformes profondes, pacification politique et retour à la légalité en un temps relativement court.

« Le vrai défi commence maintenant », a déclaré Brice Clotaire Oligui Nguema, conscient que la stabilité politique devra désormais s’accompagner de réformes structurelles, de justice sociale et d’un nouveau contrat économique avec les populations.

Une source d’inspiration pour l’Afrique en quête d’alternatives

Alors que de nombreux pays du continent font face à des transitions chaotiques, souvent marquées par des dérives autoritaires, le cas gabonais offre une alternative : celle d’une transition encadrée, maîtrisée et adossée à un calendrier politique précis. En cela, le Gabon pourrait bien devenir un laboratoire démocratique à suivre de près.

Reste à traduire dans les faits, au cours du septennat qui s’ouvre, les espoirs nés de cette transition. Car si l’expérience gabonaise est prometteuse, seule sa transformation en résultats concrets pour les citoyens en fera un modèle durable.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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