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Tourisme au Gabon : lever les barrières pour bâtir une destination compétitive

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Selon le Baromètre du tourisme mondial publié en mai 2025 par ONU Tourisme, plus de 300 millions de touristes internationaux ont voyagé au cours du premier trimestre de l’année, soit 14 millions de plus qu’à la même période en 2024. Cette reprise dynamique du secteur offre aux États membres l’opportunité d’approfondir les réformes pour construire un tourisme plus innovant, résilient et durable.

Au Gabon, la saison estivale s’ouvre avec la Caravane touristique, événement emblématique de promotion du territoire. C’est dans ce contexte que le Conseil des ministres a souligné l’enjeu stratégique de la politique des visas touristiques, et en particulier les bénéfices potentiels d’une gratuité ciblée.

La gratuité des visas : un levier de croissance

L’expérience internationale montre que la suppression ou la réduction des frais de visa peut significativement accroître la fréquentation touristique. Dans un environnement post-COVID où la concurrence entre destinations est exacerbée, la simplification des formalités d’entrée devient un atout majeur.

Un visiteur dépense généralement bien au-delà du montant d’un visa : hébergement, restauration, transport local, activités, achats… Ces dépenses irriguent directement l’économie réelle, profitent aux opérateurs du secteur et génèrent des recettes fiscales indirectes. La gratuité du visa peut donc constituer un investissement rentable pour l’État, grâce à son effet multiplicateur.

Un signal fort sur la scène internationale

Au-delà de l’aspect économique, offrir un visa gratuit constitue un geste diplomatique fort. Il témoigne de l’ouverture du pays et renforce son attractivité. En termes d’image, cela positionne le Gabon comme une destination moderne, accueillante et accessible – un message en cohérence avec les ambitions de diversification économique affichées par les autorités.

Le risque de surtaxer le transport aérien

À l’inverse, une stratégie contre-productive consisterait à utiliser le billet d’avion comme une source de financement tous azimuts. Ce réflexe, hélas fréquent, compromet sérieusement le développement du tourisme.

La récente augmentation de 133 % de la taxe de sûreté aéroportuaire (« WZ »), effective à compter du 1er juin 2025, en est une illustration frappante. Elle s’ajoute à la taxe de sécurité (« N7 ») créée en 2024, ainsi qu’à d’autres prélèvements tels que la taxe d’infrastructure (« R4 »), destinée à financer un nouvel aérogare dont les travaux n’ont toujours pas débuté.

Résultat : le poids des taxes sur le billet d’avion atteint désormais des niveaux préoccupants. Un vol intérieur comme Libreville–Port-Gentil, qui coûtait environ 25 000 FCFA il y a quinze ans, peut aujourd’hui frôler les 250 000 FCFA. Cette flambée des prix, sans réaction politique notable, constitue un frein majeur au développement du tourisme domestique.

Un exemple de bonne pratique

Il convient de saluer la posture du ministère du Tourisme, qui n’a jamais cherché à financer ses projets par la création de nouvelles taxes sur les billets d’avion. Cette retenue est d’autant plus remarquable que ce ministère joue un rôle central dans la structuration de l’écosystème touristique national. Cette approche responsable devrait inspirer l’ensemble des parties prenantes.

Un outil parmi d’autres dans une stratégie globale

La gratuité du visa ne saurait, à elle seule, garantir une hausse significative des arrivées touristiques. Elle doit s’inscrire dans une stratégie cohérente et multidimensionnelle, fondée sur :

•⁠  ⁠Une promotion ciblée des marchés émetteurs prioritaires ;

•⁠  ⁠Une offre touristique compétitive en termes de qualité, de prix et d’expérience ;

•⁠  ⁠Un suivi rigoureux des flux et de leurs retombées économiques ;

•⁠  ⁠Une connectivité aérienne renforcée, avec des tarifs raisonnables ;

•⁠  ⁠Une sécurité maîtrisée sur l’ensemble du territoire.

Pour une vision intégrée du tourisme

Le tourisme est un secteur transversal, à l’interface du transport, de l’environnement, de la culture, de l’économie et du secteur privé. Il exige une gouvernance concertée, un dialogue constant entre ministères et une mobilisation des opérateurs.

Dans un monde où le voyage devient plus simple, plus fluide, plus abordable, complexifier ou renchérir l’accès à notre territoire revient, symboliquement, à fermer nos portes. Plomber le coût du voyage, c’est refermer notre destination au moment même où nous devrions l’ouvrir au monde.

choisir une stratégie, et pas la facilité

Le tourisme est au cœur de notre stratégie de transformation économique. Pour réussir, il nous faut faire des choix cohérents et courageux. Réduire les barrières, oui — mais avec vision, méthode et ambition. Ce n’est qu’à cette condition que le Gabon pourra s’imposer comme une destination compétitive, durable et inclusive.

Christian Mbina

Vice President Panafrican Tourism Board, 

Secrétaire Exécutif du Conseil Africain du Tourisme des Pays Francophone.

Directeur Général de Luxury Green Resorts.

Manager Général Gabon wildlife Camp and Safaris.

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