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Sylvia Bongo: «Les citoyens et les citoyennes doivent comprendre qu’aucune violence n’est acceptée»

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Ce vendredi 25 novembre 2022 est célébrée la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Occasion pour la Première Dame Sylvia Bongo Ondimba, dans une interview accordée à Gabon Media Time, sur les actions menées ces dernières années pour la réduction de ce phénomène très ancré dans la société gabonaise mais aussi la la promotion des droits de la femme et la réduction des inégalités entre les hommes et les femmes. 

Gabon Media Time: Depuis la restitution officielle de la stratégie de la promotion des droits de la femme et de la réduction des inégalités entre les hommes et les femmes le 30 septembre 2020, le Gabon s’est résolument engagé à renforcer sa politique dans ce domaine. Deux ans après, pensez-vous que la condition des femmes a effectivement changé ?

Sylvia Bongo Ondimba: Avec la publication de la Stratégie Gabon Égalité, notre objectif principal était d’éliminer les derniers obstacles à l’égalité des genres dans tous les domaines de la vie en société. Un changement sociétal aussi profond ne se fait pas en un jour. Nous étions conscients depuis le départ que la réalisation de l’égalité des genres au Gabon serait un travail permanent qui s’inscrirait dans la durée. 

Cependant, au bout de deux années de mise en œuvre de la Stratégie, une véritable révolution est en marche. Avec l’adoption et la promulgation des lois Damas, toutes les Gabonaises, sans condition, sont désormais protégées en tant que femme, mère, citoyenne, sur l’ensemble du territoire. C’est un bouleversement essentiel de pouvoir compter sur la loi de son pays. Et ce sont des changements concrets au quotidien. Je pense notamment à l’autorisation du divorce par consentement mutuel, à la symétrie des conditions de divorce entre hommes et femmes, aux droits égaux sur les biens immobiliers, à l’autorité administrative analogue à celles des hommes sur les biens pendant le mariage, à l’élargissement des délais de naissance, au nouveau code du travail luttant contre les discriminations et le harcèlement… Ce sont des changements concrets et profonds de notre société. Quand plusieurs milliers de femmes appellent en quelques mois le 1404, numéro d’urgence, anonyme et gratuit, initié dans le cadre de cette mobilisation, c’est l’illustration que des milliers et des milliers de femmes ont besoin d’aide et attendaient l’appui de leur pays pour mieux les protéger.

Quel regard portez-vous sur la promulgation par le Gabon de la loi portant élimination des violences faites aux femmes ?

L’adoption des lois Damas a participé à une prise de conscience collective de l’ampleur des violences basées sur le genre et de l’urgence d’y mettre fin. Nous devions faire passer un message fort : celui qu’aucune violence ne serait plus tolérée et que les femmes n’étaient plus seules face à leurs agresseurs. Nous devions libérer la parole. Montrer que partout sur le territoire, en toute circonstance, les femmes sont écoutées, entendues, accompagnées et que le pays tout entier est mobilisé pour elles.

Aujourd’hui, ce n’est pas simplement de mon regard dont il est question. Le Gabon est ainsi reconnu comme un modèle d’engagement en faveur de l’égalité des droits. Notre pays a vu son score attribué par la Banque Mondiale passer de 57,5 en 2020 à 82,5 en 2022 dans le cadre de son rapport “Les femmes, l’entreprise et le droit”. L’évolution positive du pays s’est par ailleurs concrétisée par son élection au sein du Conseil exécutif de l’ONU Femmes pour la période allant de 2023 à 2025.

Je suis extrêmement reconnaissante envers le Président de la République qui a soutenu cet engagement depuis ses tout débuts et au gouvernement de Madame Rose Christiane Ossouka Raponda, sans oublier les parlementaires et la société civile, qui ont apporté leur concours à cette mobilisation historique.

Les réformes du droit de la famille ont donné lieu à une levée de boucliers de certains compatriotes plutôt conservateurs. Pensez-vous que la société gabonaise soit prête pour ces changements ?

Il y a une citation qui dit : “il n’est pas nécessaire d’éteindre la lumière de l’autre pour que brille la nôtre.” C’est une phrase de Ghandi que j’aime beaucoup. La quête d’égalité n’enlève rien, elle ne fait que créer ou confirmer des droits. Maintenant, il faut reconnaître que les grands combats sociaux, à l’échelle de l’Histoire mondiale, s’accompagnent forcément de questionnements. Mais le rôle du programme gouvernemental Gabon Égalité, avec l’appui de la société civile, est d’expliquer sans relâche le sens de ces réformes, leur utilité pour le pays, afin de lever les incompréhensions.

Il est, ainsi important, de comprendre que la majorité des réformes du droit de la famille n’ont fait, en réalité, que confirmer juridiquement des pratiques déjà courantes au sein des ménages gabonais. 

Par ailleurs, pour faire face aux nombreux enjeux du millénaire, la société n’a pas d’autre choix que d’évoluer. Je sais que nous sommes nombreuses – et nombreux ! – à reconnaître l’importance de changer nos mentalités et à s’inscrire dans cette dynamique du changement.

Lors de la campagne « He For She » que vous avez pu découvrir en ligne ou dans les rues de la capitale en avril dernier, de nombreuses personnalités masculines et de nombreux citoyens ont ainsi pris la parole pour défendre l’importance de l’égalité au sein du foyer, au travail et plus généralement dans notre société. C’est le reflet d’une époque qui change.

Pouvez-vous nous parler du centre d’accueil « Gabon Egalité » ?

L’ouverture du premier centre d’accueil permettra, en appui et relais du numéro d’urgence, de prendre en charge les victimes en situation d’urgence vitale. C’est quelque chose qui me tenait tout particulièrement à cœur et j’en suis très émue.

Les femmes qui y logeront recevront des soins appropriés, aussi bien sur le plan médical que psychologique. Elles pourront également, grâce à un accompagnement spécifique, se reconstruire et rebâtir leur vie, sur les plans personnel et professionnel.

L’ouverture de ce Centre d’Accueil représente une étape majeure dans la lutte contre les violences basées sur le genre dans notre pays. Ces dix dernières années, de nombreuses réformes législatives ont été adoptées au Gabon pour prévenir les violences et les punir plus sévèrement. Mais la réponse pénale seule n’était pas suffisante et il existait peu de structures offrant aux victimes de violences une prise en charge médicale et psycho-sociale adéquate. Cet accompagnement holistique des victimes est désormais disponible et ce modèle de centre d’accueil sera reproduit dans les autres provinces.

Quelles sont les perspectives concernant la mise en œuvre de ce programme qui vous est cher ?

Cette mobilisation nationale a permis, en quelques mois, des avancées historiques et indispensables en faveur des droits de nos concitoyennes dans le domaine de l’éducation, de la santé, des violences, de la famille et de l’émancipation économique. Nous devons désormais poursuivre le travail engagé et nous assurer pour les mois et les années à venir de l’applicabilité effective de ces mesures et de leur impact dans la vie quotidienne des femmes de notre pays. Nous devons élargir la mise en œuvre des mesures et projets pilotes dans l’ensemble des provinces, renforcer et sécuriser la chaîne générale de prise en charge des victimes, et accentuer la sensibilisation au sein des communautés.


A cet effet, nous comptons énormément sur la société civile pour accompagner le programme Gabon Égalité. Les citoyens et les citoyennes doivent comprendre qu’aucune violence n’est acceptée, qu’aucune victime n’est laissée de côté. C’est le sens de la grande caravane de sensibilisation qui sera déployée dans le cadre de la campagne internationale des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre.

Gabon Media Time

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