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Péage : le Gabon en apprentissage à Lomé, Ouagadougou et Conakry !

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Le Gabon, pays pétrolier, riche en manganèse, en forêts, en diplomates bavards et en conférences internationales, a récemment décidé de faire un stage d’observation dans des pays moins riches que lui pour apprendre à construire des péages et poser des balances. La coopération Sud-Sud n’a jamais été aussi renversante.

Qui aurait cru qu’en 2025, pour apprendre à construire une station de péage, un pays à revenus intermédiaires comme le Gabon enverrait ses ingénieurs faire du tourisme technique à Conakry, Ouagadougou et Lomé ? C’est pourtant l’exploit que vient de réaliser le ministère des Travaux publics en dépêchant une délégation conduite par un conseiller financier (parce qu’évidemment, il fallait un financier pour regarder des routes).

Le Gabon va chercher en terrain plus pauvre ce qu’il n’a jamais su faire chez lui. Lomé, Ouagadougou, Conakry… Trois capitales dont les budgets cumulés n’égalent pas celui d’un seul département pétrolier gabonais, mais qui semblent aujourd’hui détenir les secrets de la route du futur. L’entreprise HOMINTEC, héroïne de cette fable, a donc accueilli nos experts qui, entre deux selfies au Jardin des Loisirs de Conakry, ont découvert avec stupéfaction qu’on pouvait faire des pistes cyclables, des voies pour camions et même des panneaux solaires.

Les Gabonais ont applaudi. Certains auraient même noté qu’à Conakry, « les péages fonctionnent sans caissière qui dit qu’il n’y a pas la monnaie ».

Un pays qui découvre l’asphalte en 2025, c’est toujours mieux que jamais

Bien entendu, on ne dira rien sur le fait que l’État gabonais gère près de 5 000 milliards de FCFA de budget et qu’il pourrait, s’il en avait la volonté, commander trois fois l’équivalent de ces stations modèles sans faire voyager une équipe de 4 personnes à travers l’Afrique de l’Ouest.

Mais ne soyons pas médisants. Cette immersion a permis à nos cadres de découvrir le miracle de l’automatisation. À quand une délégation pour apprendre aux ministères gabonais à répondre aux courriers électroniques ?

Et pendant ce temps, la RN1 attend toujours un vaccin contre les nids-de-poule

Pendant que nos technocrates débriefent les plans des stations de Tintilou et Boutenga, la RN1 continue de soigner ses crevasses, à coups de gravats jetés par des contractuels du dimanche. À Libreville, les ralentisseurs sont toujours plus nombreux que les feux tricolores, et les automobilistes continuent de zigzaguer comme dans un jeu vidéo.

Mais, foi de coopération Sud-Sud, le salut viendra de Conakry ! Avec un peu de chance, la prochaine mission partira au Tchad pour apprendre à poser un marquage au sol, ou à Madagascar pour comprendre l’usage d’un stop.

Une feuille de route ou une carte au trésor ?

Selon la communication gouvernementale, cette visite s’inscrit dans la feuille de route des plus Hautes Autorités. Une feuille probablement arrachée d’un vieux cahier oublié à Angondjé, vu le niveau d’inspiration.

Le peuple, lui, attend toujours de voir une route goudronnée sans ruban inaugural, sans parapluie présidentiel, et surtout sans mission exploratoire préalable dans un pays moins riche. Coopérer, oui. S’inspirer, d’accord. Mais imiter le moins nanti, en oubliant ses propres moyens ? C’est peut-être ça, la vraie innovation gabonaise.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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