Sénégal : un gendarme recouvre son honneur après avoir été ostracisé par Macky Sall

Au Sénégal où les principaux opposants à Macky Sall ont conquis le pouvoir au terme de deux années de lutte sur fond d’instrumentalisation de la justice, l’une des victimes de l’affaire de la masseuse Adji Sarr / Ousmane Sonko est un capitaine de gendarmerie instruit de l’affaire. En effet, après avoir été radié pour n’avoir pas orienté l’enquête dans le sens du pouvoir d’alors, le Capitaine Oumar Touré a récemment été porté à la tête de la Direction générale de l’Agence d’assistance à la sécurité de proximité (ASP). C’est ce que nous rapporte l’Hebdomadaire La Loupe dans sa parution du 31 mai 2024. 

De paria aux yeux des perdants de la dernière élection présidentielle sénégalaise, le jeune capitaine de gendarmerie Oumar Touré récolte aujourd’hui les fruits de son sens de l‘honneur, pour avoir refusé d’exécuter des ordres manifestement illégaux. Une bravoure qui devrait inspirer plus d’un notamment au Gabon, où le pays a connu lui aussi un bouleversement inattendu de son fonctionnement institutionnel. 

Le capitaine Oumar Touré recouvre son honneur 

Désigné à l’époque pour conduire l’enquête sur les accusations de viol sur une maceuse sénégalaise, Adji Sarr par le principal opposant à Macky Sall d’alors, le capitaine Oumar Touré avait au terme de son enquête rendu un rapport qui excluait les accusations de viol. Une décision qui lui aura valu une radiation de ce corps d’élite, après avoir décidé de rompre le silence afin de dénoncer les pressions et les intimidations auxquelles il faisait face de la part de sa hiérarchie. 

Après avoir été mis au placard deux ans durant, l’ancien enquêteur de la section de recherches de la gendarmerie de Colobane récolte « le prix de son intégrité morale et intellectuelle », rapporte La Loupe. Si le confrère souligne les fruits d’une probité morale et d’une conscience professionnelle, il dresse un parallèle avec des pratiques en vogue au Gabon. En effet, l’exemple du capitaine Touré devrait être un cas d’école pour tous ceux qui ont délibérément accepté d’exécuter des ordres qui ont conduit au massacre orchestré au Quartier général de l’ancien opposant Jean Ping. De même, La Loupe relève des « règlements de comptes » maquillés derrière des prétendues « opérations mains propres ». Des exemples qui visent surtout à interpeller des personnes assermentées, qui pourraient être un jour rattrapées par leurs pratiques.