Robert Bourgi : « Brice Clotaire Oligui Nguema fait un sans-faute aux yeux de la France »
Dans un entretien exclusif avec Gabon Media Time, l’avocat et figure influente des relations franco-africaines Robert Bourgi se livre sans détours sur la situation politique au Gabon et la gouvernance du président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema. Interrogé sur la récente visite de l’ambassadeur de France auprès de l’ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze, Me Bourgi clarifie la position de l’Élysée et aborde des questions cruciales pour l’avenir du pays, telles que la révision constitutionnelle à venir et les perspectives de la transition. Fidèle à son franc-parler, il exprime également des regrets profonds sur son rôle passé dans l’accession d’Ali Bongo au pouvoir, qualifiant l’ancien président de « monstre ». Un entretien riche en révélations et en perspectives pour un Gabon en quête de renouveau. Lecture.
Gabon Media Time (GMT) : Monsieur Fabrice Mauries, Ambassadeur Haut Représentant de la République française au Gabon est allé rencontrer l’ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze, ce déplacement de l’ambassadeur de France au Gabon peut-il être interprété comme un soutien de l’Elysée ?
Robert Bourgi : Pensez-vous sérieusement qu’une simple visite de l’ambassadeur de France à un éventuel candidat à la magistrature suprême équivaudrait à un soutien de l’Élysée ? Détrompez-vous. Le président Macron a toujours été clair dans son positionnement. Pas d’ingérence de la France dans les affaires intérieures des États africains. Un retour au passé de la France-Afrique n’est pas envisageable. Je ne suis pas dans le secret des dieux, mais cela étant, je suis régulièrement en contact avec ceux du « haut du haut ». J’écoute et je parle. Et comme je l’ai dit dans la plupart de mes dernières interviews en France et en Afrique, la tenue militaire du président de la transition est loin de constituer pour lui un désavantage tant en France que dans les pays occidentaux.
L’assemblée annuelle du FMI s’est tenue du 21 au 26 octobre 2024 à Washington, D.C. Cette rencontre annuelle des experts de la finance a vu la participation des ministres financiers africains parmi lesquels ceux du Gabon, Mays Mouissi et Charles M’ba que vous connaissez bien. Votre réaction ?
Comme je le fais tous les ans, je suis de près les travaux de cette assemblée. Ce sont avant tout les prestations des représentants du Sénégal, mon pays natal, et du Gabon, mon pays de cœur, que je suis très attentivement. Puisque vous êtes un média gabonais, je vais évoquer en toute sincérité la prestation du représentant gabonais, le ministre Charles M’ba. Il m’est agréable de dire que Charles M’ba a été à la hauteur de la charge dont il était porteur. J’ai retrouvé là le brio de cet homme que je connais personnellement depuis le temps lointain où il était cadre supérieur chez ELF.
Le label de qualité qui lui avait été délivré, déjà, par Omar Bongo Ondimba, qui m’avait parlé de lui en des termes élevés. Je suis heureux que le choix du président Brice Clotaire Oligui Nguema se soit porté sur lui pour gérer les finances du pays. Choix heureux, je dois dire. Son partenaire, Mays Mouissi, a complété de manière positive cet équipage financier du Gabon. Le président de la transition a eu, comme on dit, « le nez fin » en les nommant et les distinguant. Le Gabon nouveau gagnerait à les voir de nouveau dans la future équipe gouvernementale après le référendum du 16 novembre.
Depuis le 30 août 2023, le Gabon connaît une nouvelle gouvernance, à sa tête, vous qui côtoyez tout le monde, vous qui êtes un homme de réseaux, que pense-t-on du président de la transition Brice Clotaire Oligui Nguema depuis l’hexagone ?
Brice Clotaire Oligui Nguema a une excellente cote en France. Il fait un sans-faute. Il garantit la cohésion sociale, assure la sécurité du pays et des Gabonais. Ces tournées dans toutes les régions du pays et dans tous les quartiers de la capitale sont la preuve qu’il prend le pouls du pays en permanence. Il va au contact. Le pouvoir ne l’a rendu ni aveugle ni amnésique. Monsieur le journaliste, n’oubliez pas que chacun de nous, encore plus chacun de ces aspirants à la magistrature suprême, est comptable de ses actes du passé comme du présent. Omar Bongo Ondimba n’est plus là, mais les Gabonais ont de la mémoire et j’ai de la mémoire. La France observe à la loupe la vie de chaque prétendant. De Gaulle disait, « on se dirige toujours vers l’avenir, le regard tourné vers le passé. ». Le passé ne plaide guère pour Monsieur Alain Claude Bilie-By-Nze. Le Gabonais me comprendra.
Quelles sont les perspectives d’un Gabon avec en sa tête le président Brice Clotaire Oligui Nguema ?
Je suis extrêmement confiant pour un Gabon ayant encore et de nouveau le président Brice Clotaire Oligui Nguema à sa tête. Il y a deux ans seulement, le Gabon d’Ali Bongo vivait dans les ténèbres et toute démocratie était totalement absente dans la vie des Gabonais. État totalitaire, népotique, kleptocrate et totalement discrédité sur la scène politique africaine et internationale. Ces officiers généraux et supérieurs, avec à leur tête le Général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, ont sorti, le 30 août 2023, le Gabon du trou dans lequel le pays croupissait. Le pouvoir de transition fait un sans-faute. Que les Gabonais fassent confiance encore et toujours à Brice Clotaire Oligui Nguema.
Vous qui êtes juriste, avocat et spécialiste du Gabon, quel est votre avis le projet de révision constitutionnelle soumis à référendum le 16 novembre prochain ?
Ce projet de révision constitutionnelle répond parfaitement aux besoins du pays. Un pouvoir exécutif fort n’est pas incompatible avec le bon fonctionnement des institutions, avec une bonne démocratie. Je suis certain que Brice Clotaire Oligui Nguema ne décevra pas les Gabonais. N’oubliez pas qu’il a vu à l’œuvre Omar Bongo Ondimba, dont il était si proche par ses fonctions et par le cœur. Il a eu le meilleur des maîtres. Brice Clotaire Oligui Nguema mettra le Gabon à l’heure de l’horloge du monde.
Votre mot de fin après 14 ans de gouvernance d’Ali Bongo Ondimba.
Vous savez quel rôle fut le mien dans l’accession au pouvoir en 2009 d’Ali Bongo Ondimba. Sur France 24, j’ai battu ma coulpe quelques années après. Je suis allé jusqu’à dire : « j’ai mis au monde un monstre ». Ce sera le mot de la fin. Et je demande de nouveau pardon au peuple gabonais d’avoir contribué à créer pareil monstre.
GMT TV