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Projet Movingui-Okolassi : 2 milliards de FCFA partis en fumée, Marius Issa Nkori en flagrant délit d’incapacité ?

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Pourtant destiné à réduire le déficit de logements au Gabon, le Projet Movingui-Innovation City à Okolassi dans le 2ème arrondissement de Ntoum est aujourd’hui devenu le symbole criant de la faillite managériale de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), sous la houlette de son Administrateur Directeur Général, Marius Issa Nkori. Alors que plus de 2 milliards de FCFA ont déjà été engagés, le site est à l’abandon depuis plus d’un an. Aucun chantier actif, aucun relogement effectif, aucun lot viabilisé, aucune perspective crédible.

Pensé pour matérialiser la volonté des plus hautes autorités de faciliter l’accès à la propriété et résorber un déficit de 300 000 logements, le projet Movingui devait incarner la politique de rupture voulue par la Vème République. Viabilisation de 385 hectares, création d’une Smart City à vocation universitaire, délivrance de titres fonciers et accès au crédit immobilier : tout était réuni sur le papier pour faire rêver les Gabonais.

Mais sur le terrain, seule une forêt partiellement défrichée subsiste. La voie d’accès reste inexistante. Et la CDC qui s’était pourtant engagée à hauteur de 10 milliards de FCFA sur la première phase et dépensé 2,03 milliards de FCFA à ce jour – essentiellement pour des travaux de déforestation (42 %), des indemnisations (29 %) est désormais aux abonnés absents sur le terrain. Comme la poursuite de ce chantier n’avait plus d’intérêt pour son nouveau directoire. 

Un management erratique et opaque, aux antipodes de la redevabilité

Derrière l’arrêt de projet se cache un homme : Marius Issa Nkori, pourtant présenté en mars 2024 comme le nouveau visage de la CDC. Sous sa direction, la structure s’est enlisée dans une logique d’annonce sans réalisation, de dépenses sans retour et de communication sans action. La rédaction de Gabon Media Time, qui a saisi officiellement la CDC le 17 février 2025 pour obtenir des éclaircissements, n’a toujours reçu aucune réponse. Quatre mois de silence total. Une posture de déni qui trahit un manque de leadership flagrant et une incapacité à assumer les engagements pris devant les citoyens.

Au-delà des plus de 2 milliards de FCFA déjà engagés, ce qui choque, c’est le contraste entre les ambitions affichées et l’abandon patent sur le terrain. Alors que les études, le recensement des populations, la consultation publique et la déforestation du lot 1 sont terminés depuis 2023, aucune avancée tangible n’est observée en 2024. Et aujourd’hui, en 2025, plus rien ne bouge. Pire : des engagements essentiels comme la mise à disposition du site de relogement par l’ANUTTC ou la signature de la Déclaration d’Utilité Publique (DUP) n’ont pas été obtenus, bloquant toute exécution sérieuse.

Pendant ce temps, des centaines de familles expropriées attendent, des agents publics restent sans mission, et les Gabonais, eux, continuent d’espérer un terrain viabilisé… ou, au moins, une réponse de la part d’une institution financière publique investie des missions d’intérêt général tels que l’appui des politiques publique conduites par l’Etat et les collectivités locales en matière de développement.

Quand l’incompétence devient une menace pour l’action publique

Dans un pays où l’accès à la terre constitue une clé de la stabilité sociale, ce type de fiasco n’est pas anodin. Il remet en cause la crédibilité même de l’État et de ses institutions. Et surtout, il jette un doute sérieux sur la capacité du dirigeant de l’institution à porter un quelconque projet d’envergure. Car un dirigeant qui ne répond pas, qui gèle un projet aussi crucial et qui laisse 2 milliards s’évaporer dans la forêt d’Okolassi, n’a manifestement plus rien à proposer à une Vème République qui se veut de rupture.

Le cas Movingui ne peut rester sans suite. À défaut d’un audit indépendant et d’une clarification publique, ce sont les plus fragiles qui paieront le prix de ce scandale silencieux. Il appartient désormais aux autorités de tirer les conséquences politiques et administratives de cet échec. Car l’avenir du logement au Gabon ne saurait être laissé entre les mains de ceux qui, par incompétence ou négligence, trahissent l’espoir populaire.

Morel Mondjo Mouega

Titulaire d'une Licence en droit, l'écriture et la lecture sont une passion que je mets au quotidien au profit des rédactions de Gabon Media Time depuis son lancement le 4 juillet 2016 et de GMTme depuis septembre 2019. Rédacteur en chef

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