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Pr. Flavien Enongoué : « Makokou, une étape trait d’union avec Mekambo »

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Dans une semaine, le Président Brice Clotaire Oligui Nguema entreprendra une Tournée républicaine dans l’Ogooué-Ivindo, la province du Nord-Est de notre pays, le Gabon. Elle le mènera d’abord à Makokou, puis à Ovan et, enfin, à Booué. L’absence de Mekambo dans le programme de la Tournée a donné lieu, depuis quelques temps, à une polémique qui enflamme la toile ogivine, dont je suis un tisserand infidèle, presque jamais présent, du fait de l’incapacité assumée de faire entendre ma petite voix dans le brouhaha. 

Si le silence de sagesse est incontestablement d’or, il faut parfois le rompre par une parole constructive, visant à sortir de la polémique part le haut. Dans ce qu’il m’a été donné d’entendre ou de lire ici et là, il faut d’emblée écarter l’hypothèse inutilement contentieuse, esquissée notamment par Me Jean-Paul Méthode Imbong Fadi, Sénateur de la Transition, relative à un complot ourdi contre Mekambo, localité dont il est originaire. Et convenir de ce que le protocole d’État, architecte méticuleux de l’agenda de l’illustre hôte, est le seul maître des horloges dans la traduction en actes de sa volonté, et qui sait mieux que quiconque pourquoi dans le Septentrion, les localités de Minvoul et Mitzic n’avaient pas été retenues dans le programme de la Tournée. Ce fut également le cas ailleurs, notamment dans la Ngounié, et il en sera ainsi prochainement dans d’autres provinces. 

Faudrait-il pour autant se contenter de rappeler ce constat d’évidence pour espérer sortir de la polémique par le haut ? Assurément non. Et Théodore Mayaza a incontestablement raison – si le propos de sagesse rapporté par Jean Ngongo est avéré, et il n’y a aucune raison d’en douter : “Ngongo, ndéka héma ombaha na bozouzé, olondjé bwagwaya ”. C’est que ces querelles intestines manquent irrémédiablement de cerner l’essentiel, à savoir la prise en compte et la contribution significatives de l’Ogooué-Ivindo dans l’œuvre de construction du développement de notre pays. De ce point de vue, la relance des travaux de construction de l’École des métiers du bois de Booué, et celle du bitumage de l’axe Ovan – Makokou sont sans doute aussi importantes que les visites que le Président Brice Clotaire Oligui Nguema effectuera sur deux sites bien connus dans le monde. 

D’une part les Chutes de Kongou, les plus hautes d’Afrique Centrale (50m) et parmi les plus belles d’Afrique ; et d’autre part Belinga, l’un des plus importants gisements de fer encore inexploité dans le monde, avec des réserves en minerai estimées à plus d’un milliard de tonnes et une teneur en fer autour de 67%. Ce sera, à ma connaissance, la première fois qu’un Chef d’État aura visité les lieux, non pas en touriste, mais porteur enfin de la bonne nouvelle tant attendue depuis la dernière décennie de la fin de l’aventure coloniale de la France au Gabon. 

Face à ces enjeux locaux et nationaux, nos inévitables querelles intestines ogivines sont à relativiser. Il n’est pas sans intérêt de rappeler que ces enjeux cruciaux ont récemment fait l’objet, précisément les 1er et 2 mars 2024 à l’Université Omar Bongo, d’un Colloque international pluridisciplinaire sur “L’Ogooué-Ivindo, de l’angoisse à l’espérance”, organisé conjointement par le Think tank “Terre d’espérance”, que j’ai l’honneur de présider, et le Centre d’Études et de Recherches en Géosciences politiques et Prospectives (CERGEP). Il a réuni une quarantaine de contributeurs venus d’horizons divers. Dans sa magistrale leçon inaugurale, le Pr Marc-Louis Ropivia a démontré que la mise en valeur du potentiel économique de cette région qui s’écrit au superlatif, impactera significativement le développement du Gabon ; Kongou et Belinga s’y inscrivent naturellement. 

De son côté, le Père Paul Mba Abessole soulignait avec pertinence dans sa leçon conclusive qu’une terre d’espérance suppose aussi bien une grande connectivité des territoires qu’une intégration républicaine réussie de toutes les composantes ethnolinguistiques qui l’habitent. 

Faudrait-il se contenter de rappeler ces enjeux locaux et nationaux pour espérer sortir par le haut de la polémique actuelle ? Assurément non. Il me semble que l’occasion de la polémique s’y prête pour faire preuve d’innovation dans l’organisation locale de la Tournée que coordonne le Gouverneur Christiane Leckat.  Pourquoi ne pas faire de Makokou une étape trait d’union avec Mekambo ? Ce qui se traduirait non seulement par une présence significative à Makokou des représentants des forces vives de Mekambo, mais aussi, et surtout, par un partage égal de quatre discours prévus pour la circonstance, dont le contenu de chacun devra prendre en compte les préoccupations des deux localités. 

À Makokou reviendraient le discours de bienvenue de la Déléguée Spéciale Rita Estelle Milagolo et celui de la notabilité ; et à Mekambo, le discours des jeunes et celui des femmes, composantes essentielles des forces vives de la province. Cette logique de partage de prises de parole pourrait modestement inspirer, le cas échéant, d’autres localités concernées par la suite de la Tournée républicaine du Chef de l’État à travers le pays. 

Il restera à nous tous, Ogivins, la mission de travailler collectivement à ce que ce dernier foule pendant la Transition le sol de Méroé-la-belle. C’est ici qu’avait commencé, dans les années 1930, même bien avant, l’aventure de l’exploitation artisanale du fer dans la région, précisément sur le massif de Boka-Boka, qui abrite encore aujourd’hui une crète ferrifère importante, constituant dorénavant, avec celle de Batouala, les deux districts ferrifères secondaires (autour de 150 millions de tonnes chacun) par rapport à celui devenu principal de Belinga. Ce sont ces trois Districts ferrifères qui composent le permis d’exploitation attribué à Ivindo Iron.    

Pr Flavien ENONGOUÉ

Ancien Ambassadeur, Maître de Conférences de Philosophie politique à l’Université Omar Bongo, Président du Think tank “Terre d’espérance”.

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