Port-Gentil : deux sœurs écrouées pour diffusion de fausses informations sur WhatsApp

Deux Gabonaises, âgées de 29 et 33 ans, ont été placées sous mandat de dépôt à la prison centrale de Port-Gentil, rapporte L’Union, samedi 6 septembre 2025. Elles sont poursuivies pour diffamation après avoir relayé sur WhatsApp une rumeur mettant en cause une commerçante béninoise dans le décès d’une consommatrice de beignets. Une affaire qui relance le débat sur la responsabilité des usagers face aux dérives de la désinformation numérique.
Une rumeur transformée en affaire judiciaire. Les faits remontent à la fin du mois d’août. Une note vocale, attribuée à Wilma Marielle Bissala Nzoma, professionnelle de santé de 29 ans, circule sur WhatsApp. Elle y affirme que l’une de ses collègues serait décédée après avoir consommé des beignets achetés auprès d’une vendeuse béninoise. Le message est aussitôt repris et diffusé par sa sœur, Eva Yolaine Ndembi Boussougou (33 ans), accompagnée de la photo de la défunte.
Alerté, le procureur de la République près le tribunal de première instance de Port-Gentil ordonne l’ouverture d’une enquête confiée à la Police judiciaire (PJ). Les deux femmes sont rapidement interpellées et entendues.
L’enquête médicale contredit les accusations
Les conclusions des médecins de l’hôpital de Ntchengué, où la victime a rendu l’âme, sont sans équivoque : la patiente souffrait d’une occlusion intestinale liée à une pathologie ancienne, sans lien avec les beignets consommés. « Un membre de la famille de la défunte, qui avait mangé les mêmes gâteaux, ne présente aucun symptôme », précise une source proche du dossier.
Cette contradiction entre les faits et la rumeur diffusée a conduit le parquet à retenir l’infraction de diffamation, prévue et punie par l’article 283-2 du Code pénal gabonais.
Quand WhatsApp devient un vecteur de désinformation. L’affaire, désormais entre les mains de la justice, met en lumière les risques liés à la propagation incontrôlée de messages non vérifiés sur les réseaux sociaux. Dans un contexte où WhatsApp est largement utilisé au Gabon comme canal d’information parallèle, une simple note vocale peut ruiner des réputations, créer des tensions communautaires et alimenter la défiance.
Pour les autorités judiciaires, ce procès doit servir d’exemple. « La liberté d’expression ne peut être synonyme de liberté de diffamer », confie un magistrat local à notre confrère.
Un signal d’alarme pour les usagers. Alors que les deux sœurs attendent désormais leur jugement à la prison du Château, l’opinion publique reste divisée : entre ceux qui y voient une sanction excessive et ceux qui estiment nécessaire de mettre un frein aux rumeurs destructrices. Une certitude demeure : cette affaire illustre la nécessité de concilier liberté d’expression, droit à l’information et protection des citoyens contre la désinformation.
GMT TV