Loi de finances 2024 : des hypothèses gouvernementales trop optimistes ?
Le Ministre du Budget et des Comptes publics, Charles Mba a présenté ce mercredi 6 décembre aux côtés du ministre de l’Economie et des Participations, Mays Mouissi, le projet de loi de finances 2024. Équilibré en ressources et en charges à 4162 milliards de FCFA, ce budget 2024 semble pour le moins optimiste puisqu’il élude notamment le ralentissement annoncé de la croissance chinoise.
Les prévisions sur lesquelles sont bâties le projet de budget 2024 de l’Etat gabonais sont-elles solides? Ou au contraire sont-elles trop optimistes? Telles sont les deux questions que l’on serait tenté de se poser au regard du montant affiché par le gouvernement de la transition. Et pour cause, à 4162 milliards de FCFA, en hausse de 15%, ce budget semble s’appuyer sur des prévisions peu solides sur le moyen terme.
Un budget tenant compte d’une hausse de la production pétrolière et minière
En effet, reposant sur des hypothèses axées notamment autour d’une production pétrolière à 80,3 millions de barils contre 80,2 arrêtée en 2023, un prix du baril de pétrole gabonais à 72 dollars, en baisse de 4% par rapport à la loi de finances 2023, une production de manganèse à 10,0 millions de tonnes, en diminution de 7,5% par rapport aux prévisions 2023, le cadrage macroéconomique et budgétaire 2024 semble ne pas tenir compte des potentiels crises économiques qui se profilent à l’horizon.
Mieux encore, dans un contexte où la reprise post-pandémie en Chine affiche un fléchissement qui devrait se renforcer en raison d’un ralentissement du secteur de l’immobilier et d’une baisse de la demande de produits manufacturés, le gouvernement de la transition semble afficher un trop plein de confiance. Une confiance qui se traduit par un taux de change du dollar américain à 593,6 FCFA, en baisse de seulement 0,1%, dans un monde qui milite de plus en plus pour une dédollarisation.
Avec également en ligne de mire, une production de manganèse à 10 millions de tonnes pour un prix de vente à 176,5 dollars la tonne et une production de bois débité qui devrait se situer à 1,35 million de m3, deux produits de base dont sont friandes les entreprises d’un Empire du milieu qui devrait donc négocier avec le frein à main, difficile de croire que ce budget 2024 à 4162 milliards de FCFA peut être réaliste, d’autant plus qu’il affiche une hausse des dépenses de l’ordre de 444,3 milliards FCFA par rapport au budget 2023.