Libreville : reprise de l’éternel jeu du chat et la souris entre la mairie et les opérateurs économiques

À Libreville, le cycle semble sans fin. À peine les box commerciaux installés illégalement sur le domaine communal du quartier Charbonnages (1er arrondissement) ont-ils été démolis, que les commerçants sont déjà de retour. Réinstallés en toute quiétude, ils reprennent leurs activités comme si de rien n’était. Une scène familière qui illustre le sempiternel jeu du chat et de la souris entre les autorités municipales et les opérateurs économiques.
L’opération de restauration de l’ordre urbain, censée libérer l’espace public et redonner à la capitale une image plus ordonnée, se heurte une fois de plus à la réalité du terrain. Si les actions de la mairie aboutissent à court terme, elles semblent inefficaces dans la durée. Les commerçants, souvent poussés par la nécessité économique, n’hésitent pas à revenir et, pour certains, à reconstruire leurs boutiques sans aucune autorisation.
Une problématique ancienne
La situation actuelle rappelle les interventions menées sous le mandat du général Judes Ibrahim Rapontchombo, ancien responsable de la restauration de l’ordre urbain. À l’époque, les points névralgiques comme Awendjé, IAI, Nzeng Ayong ou encore Charbonnages avaient été vidés de leurs occupants illégaux. Mais rapidement, les commerçants étaient revenus, mettant en lumière l’inefficacité des actions non accompagnées de solutions durables.
La mairie ne semble pas ignorer cette réalité. Elle sait pertinemment que ces commerçants reviendront, notamment parce que ces zones sont devenues des lieux de commerce bien ancrés dans les habitudes des consommateurs. Que prévoit la mairie après chaque démolition ? Les opérateurs économiques concernés sont souvent des pères et mères de famille qui n’ont d’autre choix que de vendre pour subsister. Dans ce contexte, tant que des alternatives concrètes comme des marchés réaménagés ou des zones commerciales encadrées ne sont pas proposées, les expulsions resteront inefficaces.
Si l’objectif de restaurer l’ordre urbain est louable, il devrait s’accompagner d’une prise en compte des réalités sociales et économiques. Sinon, les mêmes causes produiront inlassablement les mêmes effets. Il serait temps que la mairie adopte une approche plus stratégique et inclusive, pour sortir enfin de ce cercle vicieux.
GMT TV