Joël Mapangou : «Le 30 août 2023, les militaires ont blessé la bête; le 27 septembre 2025, il revient au peuple de l’abattre»

Dans un entretien exclusif accordé à Gabon Media Time ce lundi 1er septembre 2025, Joël Claincy Mapangou Mapangou, candidat indépendant aux élections locales dans le 5ᵉ arrondissement de Libreville, a livré une critique virulente de la connivence entre l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB) et des figures issues du Parti démocratique gabonais (PDG). Pour lui, la rupture proclamée depuis le 30 août 2023 est minée par des contradictions majeures qui interrogent la sincérité du renouveau politique.
« Ali Bongo, son épouse et son fils ne furent que les conséquences du coup d’État. La véritable cause, c’est le système Bongo-PDG », a tranché Joël Claincy Mapangou Mapangou. Dans son analyse, l’homme politique établit une distinction claire entre la chute d’un clan et la persistance d’un appareil politique. Selon lui, le 30 août 2023 n’a été qu’une étape. « Les militaires ont blessé la bête ; le 27 septembre 2025, il revient au peuple gabonais de l’abattre définitivement dans les urnes les transfuges du PDG », a-t-il martelé.
Cette déclaration met en lumière une ambiguïté que beaucoup d’électeurs constatent : comment concilier l’acte de libération militaire avec le recyclage politique d’anciens piliers du système Bongo-PDG, désormais reconvertis en bâtisseurs d’une prétendue nouvelle République ? « Il vaut mieux un PDGiste qui s’assume qu’un transfuge ancien colistier d’Ali Bongo Ondimba qui veut se donner une virginité politique au nom de l’inclusivité prônée par le président de la République », a-t-il fustigé.
Une bataille symbolique dans le 5ᵉ arrondissement
Pour illustrer son propos, le candidat indépendant cite sa propre circonscription. « Sur mon siège au 5ᵉ arrondissement de Libreville, mes deux principaux adversaires sont tous deux PDGistes et anciens PDGistes. Arsène Nkoghe, colistier d’Ali Bongo Ondimba lors des élections générales d’août 2023, est désormais candidat de l’UDB, le parti qui a renversé son ancien camp. Et de l’autre côté, Adrien Nguema Mba, actuel délégué spécial de Libreville, ancien ministre de la Transition et tête de liste du PDG, que dis-je, parti de la destruction du Gabon », a-t-il déclaré.
Cette configuration électorale, selon lui, illustre une « dissonance symbolique majeure » : d’un côté, on célèbre la rupture ; de l’autre, on recycle les acteurs du système que l’on prétend avoir enterré.
Rupture ou révolution confisquée ?
Pour Joël Claincy Mapangou, cette réconciliation sélective, si elle s’inscrit dans une logique d’apaisement, ne doit pas effacer la mémoire collective. « Comment peut-on célébrer la libération d’un système tout en honorant ceux qui en furent les piliers en les investissant candidat de son parti ? », s’interroge-t-il, dénonçant une rupture en trompe-l’œil.En posant ce dilemme, il alerte sur le risque d’une « révolution confisquée par ses propres acteurs », où les symboles du changement se mêlent aux héritiers du passé, brouillant le sens même du 30 août 2023. À ses yeux, la véritable rupture ne pourra s’opérer que si le peuple tranche, dans les urnes les 27 septembre et 11 octobre 2025, en faveur d’une nouvelle génération d’acteurs politiques.
GMT TV