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Grand Libreville : qui contrôle l’eau livrée par camions citernes aux ménages ?

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Dans le Grand Libreville, où les pénuries d’eau sont devenues le quotidien de milliers de familles, une filière parallèle prospère : celle des camions citernes qui approvisionnent directement les ménages. Mais d’où provient réellement cette eau et de quel agrément bénéficient ces opérateurs ? La question ressurgit avec acuité après l’interpellation de deux ressortissants maliens pour exploitation frauduleuse du réseau de la SEEG.

Fraudes sur le réseau public. Le 16 septembre dernier, les équipes mobiles de la Direction de la sécurité des infrastructures et fraudes (DSIF) de la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) ont mis la main sur deux opérateurs illégaux. L’un, installé à Okala, exploitait une station de lavage de véhicules via un branchement illicite, sans contrat ni compteur. L’autre, présenté comme exploitant d’un forage au Lac Bleu, avait en réalité monté un système parallèle de raccordement clandestin au réseau de la SEEG, qu’il revendait directement aux ménages en périphérie de Libreville.

Selon la SEEG, ces pratiques constituent à la fois un vol de ressources et une concurrence déloyale qui fragilisent davantage la desserte déjà précaire. Une procédure judiciaire est désormais ouverte : les mis en cause devraient être déférés devant le parquet de Libreville.

L’eau des citernes : une filière hors contrôle ?

Ces arrestations révèlent un problème plus vaste : dans la capitale, de nombreux ménages dépendent aujourd’hui des camions citernes pour leur approvisionnement. Si ces livraisons répondent à une demande réelle née des pénuries chroniques, leur origine reste opaque. Ces opérateurs disposent-ils d’un agrément officiel ? Quelles garanties sanitaires entourent l’eau transportée et stockée dans des conditions souvent précaires ?

Le risque est double : sur le plan de la santé publique, avec une eau dont la qualité n’est pas contrôlée ; sur le plan économique, avec une filière parallèle qui contourne le service public de distribution, fragilisant encore un réseau déjà saturé.

Une question de gouvernance et de transparence

Au-delà du cas de fraude révélé par la SEEG, le problème interpelle directement les pouvoirs publics. Dans un contexte où les quartiers du Grand Libreville connaissent de longues coupures – parfois plusieurs semaines sans eau –, les citernes apparaissent comme une solution de survie pour les populations. Mais en l’absence de régulation claire, elles alimentent aussi une zone grise où prospèrent des opérateurs informels.

La question demeure : qui contrôle ces flux parallèles ? L’État, via ses administrations, devrait définir un cadre clair d’autorisation, de traçabilité et de qualité. Faute de quoi, les citernes risquent de devenir le symbole d’une privatisation sauvage de l’eau, au détriment de la sécurité des ménages et de la mission de service public.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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