Gabon : urbanisation, gare aux dégâts environnementaux
Les récentes inondations en Espagne, qui ont causé près de 200 décès, rappellent les dangers liés à une urbanisation non maîtrisée. Alors que le Gabon s’engage dans un processus de modernisation et d’extension urbaine sous l’impulsion du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), cet événement tragique met en lumière les risques environnementaux d’un développement mal planifié. Une réflexion s’impose pour éviter que le Gabon ne subisse des catastrophes similaires.
L’exemple de Valence en Espagne est édifiant. Située au bout d’un immense bassin versant, cette ville reçoit toutes les eaux de ruissellement qui ne sont pas absorbées en amont. Autrefois, des zones tampons naturelles, constituées de vergers et de zones humides, jouaient un rôle essentiel pour absorber ces eaux et prévenir les inondations. Cependant, entre 1956 et 2011, près de 9 000 hectares de ces vergers ont été détruits pour faire place à des constructions. Une perte de deux tiers de leur surface, comme l’a démontré le géographe Victor Soriano cité par le média écologique, Reporterre. Cette destruction des écosystèmes a non seulement entraîné une diminution de la biodiversité, mais aussi contribué aux inondations dévastatrices qui viennent de frapper l’Espagne.
Des leçons à tirer
Au Gabon, la question se pose avec le projet d’une seconde voie de contournement de Libreville, qui pourrait impacter gravement la mangrove d’Agondjé Ntom et d’autres zones sensibles. Ces mangroves jouent un rôle important. Elles absorbent notamment les excès d’eau et protègent la faune locale. Bien que la création de cette nouvelle voie vise à décongestionner la capitale, elle comporte des risques environnementaux qui pourraient s’avérer coûteux à long terme. Toute chose qui viendrait ruiner les efforts de préservation de cet écosystème en voie de disparition.
Ce n’est pas la première fois que des infrastructures urbaines mal adaptées causent des problèmes au Gabon. Le récent effondrement de la Nationale 1, au niveau d’Ayem-Bokoué en raison de l’utilisation de buses inadaptées, témoigne des conséquences d’une planification insuffisante des projets d’infrastructure. Pour éviter que de tels incidents ne se répètent, il est essentiel de prendre en compte l’environnement lors de la construction de nouveaux équipements.
Les autorités gabonaises doivent donc non seulement choisir judicieusement l’emplacement des infrastructures, mais aussi investir dans des matériaux et des équipements adaptés à la réalité environnementale du pays. Une urbanisation durable et respectueuse de l’écosystème pourrait éviter au Gabon de subir des catastrophes similaires à celles qui ont endeuillé l’Espagne.