Gabon : une inquiétante détérioration du déficit hors pétrole
La dégradation de la note du Gabon par Fitch à « CCC » met en lumière une détérioration alarmante du déficit hors pétrole, qui atteint 13,7% du PIB en 2024, contre 10,3% en 2023 et 8,5% en 2021. Cette tendance reflète une vulnérabilité croissante de l’économie gabonaise, fortement dépendante des revenus pétroliers volatils. La baisse des recettes pétrolières, combinée à une gestion budgétaire laxiste, a exacerbé les tensions sur les liquidités, limitant la capacité du gouvernement à financer ses dépenses courantes et ses investissements.
En effet, cette situation est d’autant plus préoccupante que le Gabon fait face à des amortissements extérieurs élevés et à un accès limité au marché régional de la dette, ce qui a entraîné une accumulation d’arriérés envers les fournisseurs et les créanciers publics. Ces arriérés, estimés à 0,9% du PIB pour les créanciers publics et à 1,5% du PIB pour les fournisseurs, compromettent l’accès à de nouveaux financements et augmentent les risques de défaut.
Les tensions sur les liquidités sont également visibles dans le marché local de la dette, où l’appétit pour les obligations publiques s’est considérablement affaibli, en particulier au second semestre 2024. Bien que le Gabon ait levé près de 2% du PIB, aidé par une souscription syndiquée par les banques gabonaises, les arriérés de paiements et les échanges de dette en difficulté dans la région CEMAC ont exacerbé les tensions. Cette situation met en évidence les faiblesses structurelles des finances publiques gabonaises, qui dépendent encore largement des revenus pétroliers et peinent à diversifier leurs sources de financement.
Un plan d’austérité envisagé?
Pour atténuer ces pressions, le Gabon devra mettre en œuvre des réformes budgétaires drastiques, notamment en réduisant les dépenses non prioritaires et en améliorant la collecte des recettes non pétrolières. Cependant, dans un contexte politique et social volatile, ces mesures risquent de se heurter à une forte résistance, limitant leur efficacité. Par exemple, les embauches massives dans le secteur public, qui ont augmenté la masse salariale de 7% par an en 2024 et 2025, illustrent les difficultés à réduire les dépenses courantes.
La détérioration du déficit hors pétrole et les pressions sur les liquidités constituent des défis majeurs pour le Gabon. Sans une consolidation budgétaire rapide et crédible, le pays risque de voir sa situation financière se dégrader davantage, avec des conséquences potentiellement graves pour sa stabilité économique et sociale. La mise en place d’un programme du FMI en 2025 pourrait offrir une bouée de sauvetage, mais elle nécessitera des ajustements politiques difficiles et impopulaires.
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