Gabon : une dizaine d’entreprises de mise à disposition du personnel accusées d’esclavagisme
Si en mars dernier le gouvernement, à travers le ministre du Travail Adrien Nguema Mba, avait déjà interpellé les entreprises de mise à disposition du personnel sur l’obligation de se conformer à la législation gabonaise, l’Organisation nationale des employés du pétrole (ONEP) a récemment lancé un véritable pavé dans la mare boueuse du secteur pétrolier. En effet, alors qu’elle agitait encore ce mardi 20 août 2024 une menace de grève générale d’avertissement de 9 jours, l’organisation a également dévoilé les entreprises dont la gestion des ressources humaines foulerait au pied les règles les plus élémentaires en matière de travail.
« Restaurer la dignité des Gabonais ». C’est sans aucun doute le leitmotiv qui guide l’action du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) depuis sa prise de pouvoir le 30 août 2023. Une ambition perceptible à travers l’avertissement fait aux entreprises de mise à disposition du personnel qui depuis des années s’illustrent par des violations récurrentes de la législation en vigueur.
En effet, outre le recours sans vergogne à la main d’œuvre étrangère au détriment des nationaux en violation de l’article 15 du décret n°0162/PR/MTE du 07/03/2016 relatif aux modalités des travailleurs étrangers en République Gabonaise, ces entreprises, dont certaines sont pourtant tenues par des compatriotes, s’illustrent par une maltraitance de ses employés. Des agissements dénoncés par l’ONEP reitéré à travers une communication ce mardi 20 aout 2024 où elle dénonce le maintien « à l’état d’esclavage professionnel des travailleurs gabonais ».
Une dizaine d’entreprises épinglées par l’ONEP
Pénibilité du travail, contrats précaires, rémunération misérable, sont principalement les difficultés rencontrées par les employés de ces entreprises de mise à disposition du personnel. Une situation intenable et qui perdure depuis des décennies alors que ces travailleurs concourent à toutes les opérations de production, de forage, de maintenance des puits et équipement de production, de supply chain et autres. D’ailleurs, dans sa communication, l’ONEP n’a pas manqué de citer nommément ces entreprises qui auraient érigé cette forme d’esclavagisme moderne sur les Gabonais. Il s’agit notamment des sociétés : Expertise des métiers et travaux pétroliers (EMTP), SPIE OGS, Dietsmann, Société mécanique vannes soupapes (SMVS), Logistique services (LS), Supply chain, Foraserv, DI-Africa, Employ Africa, Entreprise accueil assistance et approvisionnements (E3A), Géotechnic, Gabon service materiel pétrolier (GSMP), Société nationale de prestation de services (SNPS), Gold Almighty Manning Agent (GAMMA) t Worldwide technical services (WTS).
Si pour l’heure, l’Organisation nationale des employés du pétrole semble avoir décidé de ronger son frein au sujet de la grève du fait de la reprise des travaux de la Commission pour le dialogue social dans le secteur des hydrocarbures, il serait également judicieux, voire impérieux, que le Comité pour la transition et la restauration des institutions se penche sur ce dossier afin de sévir sévèrement contre ces entreprises qui ont décidé de faire de l’exploitation des Gabonais un modèle de gestion.