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Gabon : un tiers de la population plus que jamais dans la pauvreté

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Malgré les quelques efforts consentis par les pouvoirs publics ces dernières années notamment avec la mise en place de projets alliant création d’emplois et volonté de s’affranchir des importations alimentaires, le constat est accablant. Au Gabon, le taux de pauvreté se situe autour de 33,9% selon les données 2022 de la Banque mondiale. Un chiffre qui, au regard du contexte actuel, pourrait même avoir augmenté. Résultat, ce sont donc ⅓ des Gabonais qui vivent avec moins de 5,5 dollars par jour soit moins de 3500 FCFA. Une incongruité pour un pays qui produit 230 000 barils de pétrole par jour. 

« Malgré son potentiel économique, le pays peine à traduire la richesse de ses ressources en une croissance durable et inclusive » comme l’affirmait en 2022 la Banque mondiale dans son rapport sur la pauvreté. Deux ans plus tard, le constat est le même à quelque sensibilité près, puisque le niveau d’inflation ayant augmenté, nul doute que la paupérisation s’est elle accentuée. Ainsi,  le taux de pauvreté se situe actuellement autour de 33,9%. En résumé, ⅓ des Gabonais vivent avec moins de 5,5 dollars par jour soit moins de 3500 FCFA, quand dans le même temps, le pays vend son or noir jusqu’à 90 dollars US le baril, soit plus de 55 000 FCFA au bas mot. 

Qu’est ce qui donc, explique tous ses maux? C’est la question que se posent les observateurs de la vie publique. Il faut dire que le pays a tout pour réussir, en dépit des nombreux échecs passés. Un niveau de production de manganèse qui en fait désormais le principal producteur mondial via la Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog) qui affiche 1,9 million de tonnes à fin mars 2024. 230 000 barils de pétrole produits par jour sur la période sous revue. Une agriculture de rente qui poursuit son développement. Des secteurs gaziers et aurifères qui ont amorcé le décollage. Alors qu’est ce qui cloche réellement?

Les pouvoirs publics et dérapages, administration et gaspillage

A cette question, deux réponses. Dérapages budgétaires substantiels et grand gaspillage de deniers publics. Concernant le premier, malgré les nombreuses récriminations des partenaires techniques et financiers dont le Fonds monétaire international (FMI), principal créancier du pays avec 10% de l’encours, rien ou presque n’a été fait. Les dérapages budgétaires se poursuivent notamment au sein des entités publiques qui perçoivent jusqu’à 167 milliards de FCFA de subventions pour des résultats mitigés. Concernant le second volet, celui du gaspillage de deniers publics dans l’administration, c’est tout aussi grave sinon plus encore, puisque c’est l’administration qui doit porter les politiques publiques et ainsi favoriser l’inclusion économique et financière. Cette inclusion même qui favorise la réduction de la pauvreté. 

La corruption, cette gangrène

Inefficace comme le rappelle chaque année l’indice Mo Ibrahim. Corrompue comme le soulignent année après année, Transparency International et son pendant Afrobarometer, qui évoquent tous les deux cette corruption devenue « endémique », l’administration publique et ses véhicules rutilants, favorise grandement cette paupérisation de la population. Au final, au Gabon « la pauvreté s’installe ostensiblement année après année » comme le soulignait il y a quelques mois Mays Mouissi, alors analyste économique. 

Si le PNDT dans son ensemble, ambitionne de « renforcer la promotion d’une croissance économique inclusive et durable à travers la diversification du potentiel économique national (…) et un accroissement de la mobilisation d’investissements importants en faveur des secteurs clés pour leur mise à l’échelle », cette ambition sous-tend d’améliorer la gestion des finances publiques. Celle-ci est donc l’enjeu crucial dans un Gabon endetté, en quête de solutions mais heureusement, toujours aussi riche qu’il y a 30 ans, d’un point de vue de ses ressources naturelles.

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