Gabon : un conseil supérieur de la magistrature extraordinaire la semaine prochaine ?
C’est l’hypothèse qui ne cesse de prendre de l’ampleur au sein de la corporation des magistrats du Gabon après la note circulaire adressée aux chefs de juridiction par Gilbert Ngoulakia. Le Secrétaire permanent gèle les décisions du dernier Conseil supérieur de la magistrature (CSM) de juillet notamment les installations et la prestation de serment des nouveaux magistrats.
À la tête du pays depuis le 30 août dernier, le Général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema a récemment pris part à la rentrée judiciaire sous fond d’accalmie avec les magistrats et les greffiers. Seulement le Président de la transition serait bien inspiré de convoquer un Conseil supérieur de la magistrature extraordinaire avec pour objectif de réaménager la justice et de mettre un terme au cafouillage qui y serait entretenu.
La sortie de route de Roponat à l’origine de cette mesure ?
Si le Syndicat national des magistrats du Gabon (Synamag) appelait leurs confrères à demeurer loin de la sphère politique pour préserver leur intégrité, ces derniers n’ont pas manqué de dénoncer certaines pratiques qui ne concourent pas à les honorer. Récemment, contre toute attente et au mépris de la loi, le procureur de la République André Patrick Roponat a décidé de réprimer la liberté de la presse pour se faire justice.
Une atteinte flagrante au principe du droit mais aussi aux droits d’autrui au sein d’un pays qui traverse une transition qui ambitionne de rebâtir l’État sur la légalité et la dignité. Et ce , alors même que le délit de presse, si tant est qu’il en est le cas, est dépénalisé depuis 2018. Cet acte isolé du patron des officiers de police judiciaire (OPJ) jette l’opprobre sur sa capacité à se départir des pratiques totalitaires reprochées à l’ancien régime et qui n’ont pas de place à l’heure de la refondation sous le Général Brice Clotaire Oligui Nguema.
Gilbert Ngoulakia pose-t-il les jalons d’une annulation du dernier CSM ?
Tout semble se dessiner à moins de ne pas vouloir lire entre les lignes. Dans sa récente note circulaire adressée aux Chefs de juridiction, le Secrétaire permanent du conseil supérieur de la magistrature a informé de l’interdiction formelle de poursuivre « le processus de mise en forme des décisions prises par le conseil supérieur de la magistrature du 20 juillet ». Et ce, du fait qu’il n’ait pas abouti à ce jour.
Une annonce qui pourrait cacher en réalité un agenda de tenue d’un CSM extraordinaire. Notons que la question liée aux installations et prestations de serment des nouveaux magistrats issus du dernier concours de la magistrature entaché de fraudes, au nombre desquels l’admission du PDGdiste Wilfried Oganda Vissy, recalé avec 7/20 au détriment des méritants ne manquera pas d’être traitée. Ce CSM extraordinaire aura pour visée de reconfigurer le système judiciaire gabonais sans les magistrats politisés telles Linda Bongo Ondimba et Erlyne Antonella Ndembet.
Amorcer les grandes réformes à la justice
Après près d’un an de paralysie, il est de bon aloi de penser que les justiciables ont le droit d’obtenir justice. Mais de quelle justice le peuple a-t-il besoin ? Assurément pas celle rendue par des magistrats ayant bénéficié de la fraude pour intégrer la magistrature. Encore moins celle des agents véreux. Lesquels braderaient selon le Synamag leur autorité publique contre des avantages en nature et numéraire. Et ce, parce que sous considérés.
Il revient dès lors aux différentes entités de la magistrature de passer au peigne fin ces déboires, d’en dégager les responsabilités et d’en trouver les solutions pérennes. Car la justice est un instrument dont la crédibilité favorise la stabilité de tous les secteurs d’activités du pays. L’annulation du dernier concours d’entrée à l’Ecole nationale de la magistrature et les nominations qui en ont découlé devraient être à l’ordre du jour. Que dire aussi des mécanismes d’amélioration des conditions de vie et de travail du magistrat?