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Gabon : quelles mesures face à un risque de surendettement élevé ?

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En dépit des assurances des autorités de la transition sur la situation économique du pays, le risque de surendettement est plus que jamais présent. Une note de crédit de B- à CCC+ qui reflète les risques croissants pour la capacité de remboursement de la dette. Une accumulation des arriérés externes sur la dette envers les créanciers officiels, estimée à 165 milliards de FCFA (1,2 % du PIB) à la fin du mois de mai 2024 et des tirages sur financements qui se multiplient. On a comme l’impression que l’État marche à reculons sans prendre de réelles mesures pour faire face au risque de surendettement qui pointe son nez.

Dépendance aux ressources naturelles avec notamment les recettes pétrolières qui constituent toujours l’essentiel des ressources du pays malgré les fluctuations des prix du pétrole qui, dans le contexte géopolitique actuel, peuvent affecter les revenus de l’État, augmentant le risque de dette, dont les charges sont de plus en plus élevées du fait de l’accumulation d’arriérés envers les créanciers officiels. Rendement économique limité avec le défi de la diversification économique qui peine à être relevé. Des incertitudes politiques qui demeurent et peuvent fortement influencer la gestion économique. Le risque de surendettement est bien présent.

A ce titre, les analystes recommandent une gestion prudente des finances publiques et une diversification économique pour atténuer ces risques. Ce qui dans le contexte actuel, entre le bilan des dépenses extrabudgétaires qui ajoute des incertitudes à la trajectoire fiscale comme l’a souligné Fitch Ratings, nouvelles exonérations fiscales sans plan concret d’ajustement et annonces de dépenses pour répondre aux besoins sociaux et d’infrastructures importants du pays, est loin d’être le cas. La politique budgétaire expansionniste proposée par les nouvelles autorités semble plutôt aller à contre-courant.

Gare à l’excès de confiance

Empreinte d’excès de confiance, cette stratégie expansionniste des autorités gabonaises, n’est pas sans rappeler celles des précédentes qui faisaient fi des recommandations et autres récriminations des partenaires techniques et financiers. Comment prévoir des investissements massifs avec un plan directeur à 3700 milliards de FCFA dans un contexte où la gouvernance reste la principale faiblesse de notre administration? Et où la corruption demeure endémique? Comment envisager des projets aux coûts faramineux, alors même qu’il est aujourd’hui quasiment impossible de savoir avec exactitude combien il y a d’agents publics au sein de notre administration, qui engloutissent pourtant plus de 704 milliards de FCFA par an?

Le mieux n’aurait-il pas été dans un premier temps, de faire le vide avant de faire le plein? Quoi qu’il en soit, sans mesures fortes visant à réduire l’influence de l’Etat dans l’économie au profit du secteur privé, sans développement de secteurs non pétroliers, comme l’agriculture, le tourisme, et les technologies, pour réduire la dépendance au pétrole et créer des sources de revenus diversifiées, sans des politiques budgétaires prudentes pour contrôler les dépenses publiques et éviter des déficits excessifs, sans amélioration de la transparence dans la gestion des finances publiques (même si la publication des contrats pétroliers, miniers et forestiers est un premier pas dans la bonne direction), difficile d’espérer voir tous ses projets aboutir. Difficile donc de mettre un garrot au surendettement, dont le risque ne devrait que s’accentuer.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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