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Gabon : que fait réellement le gouvernement de la colossale manne tirée de ces différentes taxes ?

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En 2025, la question de l’équité fiscale se posera une nouvelle fois avec acuité. L’Etat gabonais prévoit par exemple de récolter près de 35,3 milliards de FCFA grâce à la Redevance d’usure de la route (RUR), une taxe censée contribuer au financement de l’entretien et de la réparation des infrastructures routières du pays. Il prévoit également plus de 500 millions de FCFA pour la taxe sur les jeux de hasard et plus de 5 milliards de FCFA pour la taxe sur les ordures ménagères. Et ce montant n’est pas exhaustif tant les taxes et redevances sont nombreuses. Ces montants, qui représentent des sommes importantes, soulèvent néanmoins plusieurs interrogations sur leur efficacité et la gestion des ressources publiques.

La RUR est prélevée sur les véhicules circulant sur les routes gabonaises. Elle vise à compenser les dégâts causés par l’usure des routes due au passage fréquent des véhicules, notamment les poids lourds. Le montant de la taxe varie en fonction du type de véhicule, et elle est versée directement à l’État, via le ministère des Travaux publics. Le but de cette redevance est clair : financer les réparations nécessaires pour maintenir un réseau routier en bon état, essentiel pour la mobilité des personnes et des biens. Pour ce qui est de la TOM, elle obéit au même principe mais en direction de l’insalubrité. 

L’utilisation des recettes : une question de transparence

Cependant, malgré les milliards de FCFA générés par ces taxes, la question qui se pose est celle de l’utilisation effective de ces fonds. Selon la loi gabonaise, ces recettes doivent être allouées exclusivement à l’entretien et à la réhabilitation des infrastructures routières. Or, à plusieurs reprises, les Gabonais ont exprimé leur mécontentement face à l’état de dégradation des routes, malgré les montants importants récoltés. Idem pour le niveau d’insalubrité qui est alarmant. La gestion de ces fonds semble donc poser problème, ce qui alimente la frustration parmi les citoyens et les entreprises, qui sont les principaux contributeurs de cette redevance.

Le constat est souvent le même : de nombreuses routes, notamment en zones rurales, sont en mauvais état, et des travaux d’entretien semblent être réalisés de manière sporadique et insuffisante. Aux abords de ces routes sont souvent jonchées des tas d’immondices, des garages anarchiques, en plus de caniveaux non curés qui aggravent en période de pluie, l’état de dégradation des routes. Cette inefficacité soulève la question de la bonne gestion des ressources collectées via la RUR, et plus généralement de la transparence dans l’utilisation des fonds publics au Gabon.

L’impact limité sur le patrimoine routier

Malgré les milliards prélevés chaque année par la RUR donc, l’État gabonais semble peiner à assurer une gestion optimale du patrimoine routier national. Les routes continuent de se détériorer, ce qui a des répercussions sur les conditions de vie des Gabonais et sur l’économie du pays. Le manque d’entretien régulier, les délais entre les travaux de réparation et les lacunes dans l’entretien préventif sont autant de facteurs qui remettent en question l’efficacité de la RUR. Les contribuables, qui paient cette taxe avec l’espoir de voir leurs routes réparées et entretenues, se retrouvent souvent frustrés, car l’amélioration des infrastructures routières semble tarder. 

La situation soulève aussi des préoccupations quant à la gestion interne des fonds, la transparence des projets et le contrôle des dépenses publiques. La question de la gestion des taxes ne se limite pas à la RUR comme on l’a précédemment démontré. Un autre exemple préoccupant est celui de la taxe sur les ordures ménagères, qui génère plus de 5 milliards de FCFA chaque année. L’objectif de cette taxe est de financer la collecte et le traitement des déchets, contribuant ainsi à un environnement plus propre et plus sain. Cependant, comme pour la RUR, l’utilisation de cette taxe suscite des interrogations.

Les habitants de Libreville, la capitale, en particulier, sont confrontés à des problèmes récurrents de gestion des ordures, malgré la perception régulière de cette taxe. Les déchets s’accumulent parfois dans les rues, ce qui nuit à l’image de la ville et affecte la qualité de vie des résidents. Là encore, les contribuables se demandent pourquoi leurs taxes, prélevées systématiquement, ne se traduisent pas par des services à la hauteur des attentes. Ces exemples montrent un problème plus large qui touche la gestion des finances publiques au Gabon.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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