Gabon : quand Hermann Immongault ramène les vieilles recettes du PDG à l’approche du référendum
« Le chien ne change jamais sa manière de s’asseoir ». Cet adage populaire sied bien à l’attitude pour le moins prévisible que vient d’adopter le gouvernement de Transition et plus particulièrement le ministre de l’Intérieur Hermann Immongault qui, contre balancant le principe de liberté d’expression et d’opinion, a mis en garde « tous ceux qui voudraient perturber la bonne tenue du Référendum ». Un avertissement aux allures de menace qui, sauf à s’y tromper, s’adresserait aux personnalités qui depuis plusieurs semaines n’ont de cesse de dénoncer les incongruités graves que comporte le projet de Constitution.
C’est par la voix de son Conseiller en communication que le ministre de l’Intérieur a tenu à réagir aux vives critiques enregistrées ces dernières semaines concernant le projet de nouvelle loi fondamentale qui après l’étape de l’Assemblée constituante devrait être soumis au référendum. Des critiques qui selon le membre du gouvernement n’auraient d’autres but que de « semer le trouble » évoquant au passage « une conspiration funeste et les spasmes d’une trajectoire tragique prise sous d’autres cieux ».
Liberté d’opinion, le CTRI et le PDG tabac de même pipe ?
Ainsi, pour Hermann Immongault les prises de parole de certains leaders politiques et de la société civile, militant pour la plupart pour le Non au prochain référendum seraient mues par une volonté semble-t-il de « perturber la bonne tenue du Référendum et le fonctionnement serein des Institutions ». Si le garant de la sécurité publique s’inscrit pleinement dans ses missions, cette sortie pour le moins curieuse d’Hermann Immongault rappelle les heures sombres du régime déchu de l’ancien président Ali Bongo Ondimba et du Parti démocratique gabonais (PDG).
En effet, durant le règne de cette formation politique que de nombreux citoyens affublaient du surnom de « Parti démoniaque gabonais » les différents gouvernements prétextaient des pseudos raisons de trouble à l’ordre public pour tenter de bâillonner les discours discordants de l’opposition. Cette sortie d’Hermann Immongault semble donc procéder du même schéma confirmant que les vieilles méthodes pour restreindre les libertés sont toujours d’actualité à l’heure du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI).
Une sortie inquiétante pour les libertés fondamentales en période de Transition
Réagissant d’ailleurs à cette sortie du membre l’activiste Bernard Christian Rekoula a dénoncé, sur sa page Facebook, ce qui apparaît comme une continuité des méthodes de l’ancien régime. « Je constate seulement que nous sommes toujours dans la même gouvernance. Ce proche du pouvoir peuvent dire et faire ce que bon leur semble, même violer la loi. Quant aux autres, on leur agite le spectre de la loi », a-t-il indiqué.
Il faut souligner d’ailleurs que cette mise en garde, verbale pour le moment, rentre en totale contradiction avec l’article 23 de la Charte de la Transition qui garantit à tous citoyens l’exercice de ses libertés d’opinion, d’expression, de conscience et de culte. L’opinion se questionne d’ailleurs sur la promptitude avec laquelle le ministre de l’Intérieur a rappelé que c’est à « l’ouverture de la campagne électorale » que les partisans du Non pourront aisément exprimer leurs opinions alors que depuis des mois ceux appelant à voter Oui se livrent à une campagne des plus féroces sur le terrain.