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Gabon : pourquoi la réforme du service public de l’électricité et de l’eau est une urgence nationale ?

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Depuis plusieurs années, le secteur de l’eau et de l’électricité au Gabon traverse une crise profonde, marquée par des pénuries chroniques, des délestages récurrents et une mauvaise gouvernance. Pour Etienne Dieudonné Ngoubou, ancien ministre de l’Énergie, du Pétrole et des Ressources Hydrauliques, dans une tribune publiée par nos confrères de DirectInfosGabon, cette situation résulte d’une mauvaise gestion des ressources, d’un manque de planification à long terme et d’une ingérence politique excessive.

L’ancien ministre souligne que la politisation des nominations et des choix stratégiques a conduit à des erreurs majeures dans la gestion du service public. Le passage de la SEEG sous concession avec Veolia en 1997, puis son départ en 2018, a laissé le pays sans vision claire pour l’avenir du secteur. Aucune transition efficace n’a été mise en place, aggravant encore plus les problèmes existants. « Nous avons une prétention à mettre le politique en avant de toute décision, ce qui rend illogiques les décisions prises », affirme-t-il dans son analyse. 

Un service public sous perfusion

L’une des principales causes de la dégradation du service est l’accumulation des dettes de l’État envers la SEEG, qui dépassaient 150 milliards de FCFA en août 2023. Cette situation a plongé l’entreprise dans une faillite virtuelle, incapable de garantir un entretien optimal des infrastructures. « Depuis cinq ans, les délestages d’électricité et les pénuries d’eau potable se multiplient sur le territoire national », rappelle l’expert, insistant sur l’absence totale de maintenance des installations après le départ de Veolia.

Le manque d’audits et l’absence de contrôles rigoureux ont aussi contribué à la dérive actuelle. Ngoubou souligne que la gestion du fichier clientèle de la SEEG n’est plus à jour, ce qui complique encore plus la collecte des factures et l’équilibre financier du secteur.

Réformes : des solutions existent

Pour Etienne Dieudonné Ngoubou, la réforme du service public de l’eau et de l’électricité est cruciale. Il propose de nettoyer le fichier client de l’État, d’instaurer un audit de la SEEG, de réviser la gouvernance avec des normes privées et de planifier la modernisation des infrastructures, en s’inspirant des projets Grand Poubara et Cap Lopez.

« Il est encore temps de rendre à notre service public ses lettres de noblesse en l’expurgeant des influences politiques. Ceci peut être réalisé en six mois », conclut Ngoubou. Le Gabon ne peut plus se permettre d’attendre. Une réforme structurelle du service public de l’eau et de l’électricité est une urgence nationale, car sans énergie et sans eau, aucun développement durable n’est possible.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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