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Gabon : PNDT, PPUT, CTRI, cacophonie autour des projets prioritaires !

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Plan national de développement pour la transition (PNDT) porté par le gouvernement, projets prioritaires du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), Programme prioritaire d’urgence pour la transition (PPUT) porté par le général Oligui Nguema himself. Le Gabon, passé maître dans l’art des programmes de développement stratégiques grandiloquents, dispose aujourd’hui de trois plans directeurs pour sa transition. En dépit de risques de liquidités accrus et de la détérioration des finances publiques, les nouvelles autorités semblent déterminées à poursuivre leur stratégie expansionniste.

Suivre plusieurs programmes de développement en même temps, peut offrir des avantages significatifs pour un pays pour peu qu’il soit structuré et organisé en tenant compte des aspects d’orthodoxie financière et de bonne gouvernance. Dans le cas contraire, une telle stratégie comporte des risques potentiels. Dans un pays comme le Gabon dans lequel l’administration reste inefficace, couvant des dérives allant des procédures de passation de marchés publics à une absence de synergie, une telle stratégie de gestion simultanée de divers programmes de développement, fait peser encore plus de risques.

En effet, en tentant de mettre un oeuvre un PNDT à 3696 milliards de FCFA, dans lequel se trouve un PPUT à près de 500 milliards de FCFA, dans lequel se trouve un programme prioritaire du CTRI à plus de 200 milliards, les nouvelles autorités démontrent une certaine cacophonie budgétaire. Lequel de ces programmes est finalement prioritaire, quant on sait que tous intègrent des projets structurants? Dans le PNDT par exemple, le développement des infrastructures stratégiques est le principal pilier, le principal axe de développement, sauf que dans la multitude de projets qui composent cet axe, certains sont prioritaires pour le président et d’autres le sont moins.

Le tourisme, cet outil de diversification qui ne mérite que 2 milliards pour le président de la transition

Si l’on prend le cas du tourisme par exemple, dans son PPUT, le président de la  transition ne prévoit que 2 milliards de FCFA pour cette année budgétaire 2024. Alors que le Gabon dispose d’un riche patrimoine naturel et culturel qui peut être valorisé à travers le développement du tourisme durable, créant ainsi des opportunités économiques tout en préservant l’environnement. 2 milliards de FCFA alors que le pilier 2 du PNDT relatif à l’intensification de la stratégie de diversification de l’économie, place le Tourisme parmi les secteurs sur lesquels le pays s’appuie en matière de diversification de l’économie.

Risques de liquidités accrus et de la détérioration des finances publiques

Loin de ces plans à faire pâlir d’envie n’importe quel pays d’Afrique subsaharienne, l’agence de notation Fitch Ratings, dans sa dernière note d’analyse, présente ces risques de liquidité qui pèsent sur notre économie, remettant en cause les velléités expansionnistes du pays. Entre ressources limitées et risques de fragmentation, l’agence de notation, dans le sillage de son alter égo Moody’s, a d’ailleurs remis en cause ces plans de développement aux relents populistes, capables d’entretenir, une surcharge des ressources, puisque leur mise en oeuvre peut encombrer les ressources financières, humaines et matérielles disponibles. 

Cette cacophonie entre le PNDT, le PPUT et le programme prioritaire du CTRI entraînera inéluctablement une compétition pour les Fonds. Les différents programmes vont se faire concurrence pour les fonds limités ce qui conduira à des conflits d’intérêts et à une allocation sous-optimale des ressources, étant entendu que le président aura toujours le dernier mot. Renforcée par les difficultés en matière de gestion simultanée de plusieurs programmes qui vont compliquer la coordination entre les différents acteurs impliqués et les ambitions politiques des uns et des autres, cette situation pourrait n’avoir pour conséquence que de ralentir la progression réelle du pays tout en aggravant son niveau d’endettement. Aux gouvernements civils et militaires de démontrer le contraire.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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