Gabon : PDG, RPM, UN et Cie à l’épreuve du positionnement après la naissance de l’UDB

Le samedi 5 juillet dernier, le paysage politique gabonais a connu un tournant majeur avec la création d’une nouvelle formation politique de poids : l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB). Porté par le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, ce nouveau parti se veut la principale force politique du pays, au service d’un projet de refondation nationale. Cette naissance politique redessine les lignes de force politique, et pose la question du positionnement des partis alliés au pouvoir, dont plusieurs figures occupent des postes stratégiques au sein du gouvernement ou des institutions. Face à cette nouvelle donne, les états-majors des formations existantes se retrouvent à l’heure des choix.
Depuis le début de la Transition, plusieurs partis politiques majeurs, tels que le Parti démocratique gabonais (PDG), le Rassemblement pour la Patrie et la Modernité (RPM), l’Union nationale (UN) ou encore Les Démocrates (LD), ont manifesté leur soutien à Brice Clotaire Oligui Nguema. Leurs cadres, à l’image de Paulette Missambo, Alexandre Barro Chambrier, Jean François Ndongou ou Camélia Ntoutoume Leclercq, continuent de siéger dans les sphères du pouvoir. Mais avec l’arrivée de l’UDB, il devient difficile pour ces partis de maintenir des positions ambivalentes. À l’approche des élections législatives et locales, les choix devront être clairs : se rapprocher de l’UDB, résister ou disparaître.
Fusion-absorption, alliance stratégique ou opposition frontale ?
La réforme des partis politiques, voulue par les autorités vise à assainir un paysage politique longtemps miné par la transhumance et l’opportunisme. Dans ce contexte, la création de l’UDB agit comme un catalyseur. Les formations existantes doivent désormais décider si elles souhaitent fusionner avec le nouveau parti présidentiel, négocier des alliances en vue du partage des sièges ou s’engager dans une opposition affirmée en présentant des candidats concurrents. La recomposition du champ politique est en marche et chacun est contraint de redéfinir ses ambitions et sa stratégie.
Certains partis ont déjà affiché leur choix. En effet, l’Union nationale initiale (UNI) de Paul-Marie Gondjout a opté pour l’absorption au sein de l’UDB. En revanche, le RPM d’Alexandre Barro Chambrier entend préserver son identité : « Le RPM est un parti sérieux et responsable, jaloux de son héritage », confie un cadre du mouvement. Le PDG, de son côté, a mis en garde ses militants contre la tentation de rallier l’UDB, appelant à l’unité et à la discipline interne. L’UN de Paulette Missambo reste pour l’instant silencieuse, mais en coulisses, les tractations battent leur plein en vue des prochaines échéances. Derrière les discours de non-agression, la réalité électorale s’impose : seulement 145 sièges seront en jeu aux législatives. Les alliances risquent donc de se transformer en rivalités ouvertes, chaque parti cherchant à préserver son ancrage territorial et sa survie politique face à un UDB en position de force.
Dans ce climat incertain, les militants attendent des clarifications sur les lignes idéologiques et les alliances de leurs dirigeants. La tentation de se contenter de discours élogieux envers le président Oligui Nguema pourrait s’avérer risquée pour les partis traditionnels, qui pourraient y perdre leur identité et leur crédibilité. Seule une stratégie claire et assumée permettra à ces formations de résister à l’hégémonie naissante de l’UDB et d’exister dans le nouveau paysage politique qui s’esquisse.
GMT TV