Gabon : mise à l’écart, marquage des objets, ces gestes stigmatisant envers les malades

Être malade est déjà une épreuve difficile, tant sur le plan physique que psychologique. Mais au lieu d’être soutenues, de nombreuses personnes malades subissent encore aujourd’hui des comportements stigmatisants, que ce soit au sein de leur famille ou dans les structures de santé. Mise à l’écart, marquage des objets personnels, isolement. autant de pratiques qui, sous couvert de prudence, blessent et fragilisent davantage ceux qui souffrent déjà dans leur chair.
Pourtant, la chaleur humaine, le réconfort familial, le soutien moral sont essentiels dans tout processus de guérison ou d’acceptation du traitement. Mais au Gabon, ces gestes de compassion tendent à disparaître, remplacés par des attitudes méfiantes voire discriminatoires, comme si le malade devenait soudainement une menace. Dans plusieurs hôpitaux, ces pratiques sont visibles. À l’hôpital de Nkembo, par exemple, il est désormais obligatoire de porter un masque dès l’entrée du portail, renvoyant l’image d’un lieu contaminé.
Stop à la désinformation et aux gestes stigmatisants
Même constat à l’hôpital militaire du PK9. Pourtant, ce sont bien dans la rue, les quartiers ou les lieux de loisirs que les gens contractent les pathologies. L’hôpital, quant à lui, reste un lieu de soins et de rétablissement. Il est donc urgent de corriger cette perception. Loin de se limiter aux hôpitaux, ces gestes stigmatisants s’invitent également au sein des foyers. Une fois qu’un diagnostic tombe ,VIH/Sida, tuberculose, cancer ou diabète, l’attitude de l’entourage change brusquement. Le malade se retrouve isolé, ses objets personnels sont mis à part. Certains poussent même le zèle jusqu’à mettre des signes distinctifs sur ses affaires, comme s’il s’agissait d’un danger ambulant.
Ces pratiques, loin d’être anodines, alimentent la souffrance psychologique, creusent le fossé entre malades et bien-portants, et peuvent accélérer la dégradation de l’état de santé. Pourtant, faut-il encore le rappeler, le VIH/Sida ne se transmet pas par le toucher, pas plus que le diabète ou le cancer. Quant à la tuberculose, sa transmission nécessite des précautions spécifiques, mais pas l’exclusion sociale.Il est donc crucial de sensibiliser les populations aux vrais modes de transmission des maladies et de lutter contre les idées reçues.
Le personnel soignant appelé à rectifier le tir
D’autant plus qu’au quotidien, certains comportements à risque sont largement banalisés comme la consommation excessive d’alcool, la sexualité non protégée, le refus du préservatif. Le personnel soignant a, lui aussi, un rôle clé à jouer. Il doit transmettre des informations claires et fiables, éviter d’alimenter la psychose et rassurer les proches. Car chaque geste, chaque mot peut soit soulager, soit blesser. Il en va aussi de l’image des hôpitaux, déjà perçus par beaucoup comme des lieux à éviter. Il est temps d’opter pour une approche humaine, fondée sur l’écoute, l’empathie et la science.
GMT TV