Gabon : malgré un taux de chômage à plus de 40%, la jeunesse grande oubliée du CTRI
Le Commissariat général au plan a rendu public une synthèse du plan national de développement pour la transition (PNDT) 2024-2026, le 23 mai 2024 après révision. Un ensemble de projets qui rassemble l’ambition des nouvelles autorités en matière de politique publique. Seulement, parmi les multiples projets prioritaires retenus du comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), très peu intègrent la jeunesse. Pourtant, le Gabon enregistre un taux élevé de chômage chez les jeunes, soit plus de 40%.
Redresser la courbe du chômage d’un pays est un défi complexe qui nécessite une approche multifacette et souvent à long terme. Une équation que le Comité pour la Transition et le Restauration des Institutions semble ne pas vouloir résoudre. C’est en tout cas, l’analyse qui ressort du plan national de développement de la transition 2024-2026, qui dans sa version synthétisée, fait état de 30 projets prioritaires qui intègrent les secteurs de base dont l’éducation avec la construction d’un lycée de l’excellence à plus de 4 milliards de FCFA, mais pas de secteurs d’avenir. Pourtant, il y a urgence.
La jeunesse reléguée au second plan
En effet, avec plus de 70% de sa population âgée de moins de 35 ans, le Gabon ne peut composer sans sa jeunesse. Sortir les jeunes du chômage, de l’oisiveté et de tous autres maux nuisibles à leur épanouissement, doit être une priorité. Cependant, le gouvernement gabonais qui compte construire un pays fort, puissant et prospère, peine à l’intégrer dans ses programmes de développement. Une curieuse inaction, alors même que cette même jeunesse est celle qui est très souvent utilisée pour des rassemblements à coups de 5000 FCFA. Dès lors, une question se pose. La jeunesse gabonaise ne doit-elle servir que de faire valoir?
Étant donné l’impact profond que le chômage des jeunes peut avoir sur l’économie et la société dans son ensemble. Les autorités gagneraient pourtant à s’y pencher sérieusement. Par exemple, en investissant dans l’éducation et la et la formation technologique qui sont essentielles pour doter les jeunes des compétences adaptées à notre monde, en multipliant les programmes d’échanges avec des pays comme Madagascar, le Kénya, le Rwanda ou l’Afrique du sud, qui sont des pionniers en matière de NTIC sur le continent, le gouvernement qui tente depuis dix ans d’implémenter son e-administration, s’assurera de capter un potentiel jusque-là inexploité.
Il pourrait également mettre en place des politiques fiscales ciblées afin d’encourager les entreprises à recruter ces jeunes, qu’on se le dise l’époque où le diplôme garantissait un emploi est bel et bien révolue. Encourager l’entrepreneuriat des jeunes en créant une banque dédiée dotée de 4 milliards de FCFA c’est bien, mais développer les compétences et le potentiel de ces jeunes serait encore plus intéressant, vu qu’ils pourront eux-mêmes capter des financements comme on peut le voir avec de jeunes startups ivoiriennes, sénégalaises ou béninoises qui attirent de plus en plus d’investisseurs.
Par ailleurs, venir à bout de la problématique de l’emploi chez les jeunes demande d’intégrer une dimension culturelle dans la mesure où les discriminations, les barrières à l’entrée dans certaines professions, les politiques copains-coquins et le népotisme sont encore ancrés dans nos mœurs. En alliant toutes les approches possibles et en travaillant en partenariat avec les entreprises, les organisations de jeunesse et d’autres acteurs de la société civile, le CTRI pourrait venir à bout de ce phénomène petit à petit, méthodiquement. Mais pas en faisant du populisme comme ramener les bourses au secondaire.