Gabon : l’Union Européenne veut inscrire l’Okoumé au rang des essences de bois protégées
L’Union Européenne a récemment soumis une proposition visant à inscrire l’Okoumé (Aucoumea klaineana), une de nos essence à la fois emblématique et stratégique, à l’Annexe II de la CITES. Cette classification, qui concerne les espèces dont le commerce nécessite une régulation stricte, est censée préserver les ressources naturelles menacées. Cependant, cette initiative suscite une vive opposition dans le pays. Et pour cause, l’Okoumé joue un rôle crucial dans l’économie forestière, le développement durable et même dans la culture gabonaise.
Selon Bruxelles, l’inscription de l’Okoumé répond à une volonté de protéger les forêts tropicales contre l’exploitation illégale et non durable. L’Union Européenne justifie cette mesure par sa lutte contre la déforestation et sa politique de préservation de la biodiversité mondiale. Pourtant, côté Gabon, on souligne le fait qu’aucune étude scientifique solide ne démontre que cette essence est en danger d’extinction ou qu’elle subit une pression insoutenable dans son aire de répartition.
Un désastre pour les exportations gabonaises
En effet, au Gabon, l’Okoumé représente 70 % de l’économie forestière et constitue un pilier stratégique pour le secteur bois. Une inscription à l’Annexe II de la CITES imposerait des restrictions commerciales insoutenables et susceptibles de compromettre les exportations gabonaises, principalement destinées à l’Union Européenne. Les conséquences seraient donc désastreuses. On peut évoquer une baisse des revenus publics, le ralentissement de l’industrie forestière, la perte d’emplois et un impact conséquent sur les communautés locales vivant de l’exploitation de cette ressource.
Mais au-delà des raisons environnementales avancées, on peut sans risque de se tromper, y voir une stratégie économique de la part de l’UE pour renforcer son contrôle sur les marchés mondiaux du bois. Une régulation accrue de cette essence stratégique, pourrait favoriser des produits alternatifs, notamment européens, ou limiter l’accès des pays africains à des débouchés internationaux. Cette proposition est également perçue comme une tentative d’imposer des normes sans consultation adéquate des États concernés.
Les autorités gabonaises vent debout
Face à cette initiative, le Gabon entend mobiliser ses partenaires régionaux, notamment le Cameroun, le Congo et la Guinée équatoriale, également producteurs d’Okoumé, pour rejeter fermement cette proposition. En mettant en avant ses pratiques de gestion durable et en exigeant des preuves scientifiques claires, le Gabon peut défendre son droit à une exploitation responsable de ses ressources naturelles. L’enjeu dépasse le seul secteur forestier : il s’agit de protéger sa souveraineté économique et de garantir l’avenir de millions de Gabonais qui dépendent de l’Okoumé. Nous y reviendrons.