Gabon : liberté de la presse, un souffle vital à préserver en période de Transition
La liberté de la presse, pierre angulaire de toute démocratie, traverse un moment critique au Gabon, alors que le pays s’engage dans une transition politique sans précédent. Cette période, marquée par un engagement déclaré des autorités de la transition à rétablir les institutions républicaines, offre une opportunité unique de redéfinir les rapports entre le pouvoir et la presse. Cependant, elle expose également cette dernière à des risques accrus de contrôle et de restrictions.
Une transition sous le regard vigilant des médias. Depuis le 30 août 2023, les promesses de rupture et de refondation portées par le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) ont éveillé une attente légitime de transparence et de responsabilité. Dans ce contexte, les médias jouent un rôle essentiel en informant, en analysant et, surtout, en questionnant les actions des nouvelles autorités. La presse gabonaise, parfois critiquée pour son manque d’indépendance, a démontré sa capacité à être un relais critique entre les citoyens et les décideurs. Pourtant, cette fonction de contre-pouvoir est aujourd’hui menacée par des pressions économiques, politiques et sociales.
Les défis d’une presse libre dans un environnement fragile. En période de transition, la liberté de la presse est souvent l’une des premières victimes des tensions politiques. Au Gabon, des journalistes rapportent des intimidations, des convocations arbitraires et des obstacles à l’accès à l’information publique. Par ailleurs, la précarité économique des entreprises de presse, accentuée par une dépendance aux subventions publiques, limite leur capacité à exercer leur mission de manière indépendante. Ce double étau, politique et économique, risque de compromettre la qualité de l’information et la pluralité des opinions.
Transition et liberté de la presse : une opportunité historique
Pourtant, cette période de transition offre une opportunité inédite de consolider la liberté de la presse. Le nouveau cadre constitutionnel en gestation doit inclure des garanties solides pour la protection des journalistes et l’indépendance des médias. Cela passe par la dépénalisation des délits de presse, une régulation transparente et équitable du secteur, et un appui financier aux médias indépendants sans interférences politiques.
De leur côté, les médias gabonais doivent s’engager à élever leurs standards professionnels. En période de bouleversements, la rigueur journalistique, le respect des faits et l’éthique doivent primer. Ils sont la clé pour regagner la confiance d’une population souvent désabusée par des pratiques partisanes. La presse ne peut jouer pleinement son rôle sans le soutien des citoyens. Une société civile vigilante et informée est essentielle pour exiger des médias qu’ils remplissent leur mission de manière intègre. Les citoyens doivent être les garants d’un espace médiatique libre et diversifié, en dénonçant toute tentative de musellement et en valorisant les initiatives journalistiques de qualité.
La transition politique en cours au Gabon ne sera jugée réussie que si elle laisse derrière elle des institutions solides, parmi lesquelles une presse libre et indépendante. Les autorités de la transition doivent comprendre que restreindre la liberté de la presse, c’est fragiliser le projet démocratique qu’elles disent porter. Inversement, en soutenant un écosystème médiatique pluraliste et résilient, elles renforcent la légitimité et la crédibilité de leur action. La liberté de la presse n’est pas un luxe ni une option. Elle est le souffle vital de toute démocratie, même naissante. Le Gabon, à ce carrefour de son histoire, doit se montrer à la hauteur de cet enjeu. L’avenir du pays en dépend.