Gabon : l’État passe au peigne fin ses régies financières pour sécuriser le budget 2026

Face à l’impératif de sincérité budgétaire et à la nécessité de restaurer la confiance dans la gestion publique, le gouvernement gabonais a ouvert ce lundi 21 juillet 2025 les conférences sur les recettes. L’occasion pour les autorités de braquer les projecteurs sur les failles de mobilisation des ressources propres, longtemps ignorées ou dissimulées. Une opération vérité aux allures d’audit général.
Alors que la Vème République veut se distinguer par une gouvernance plus rigoureuse, le budget 2026 pourrait bien être le premier à intégrer, dans ses moindres détails, la totalité des recettes perçues par les administrations publiques. « Pendant trop longtemps, certaines régies ont géré des fonds publics en dehors du cadre budgétaire », a dénoncé Alexandre Barro Chambrier, Vice-président du gouvernement, en insistant sur la nécessité d’« une traçabilité totale ».
Des recettes fantômes aux caisses publiques : la chasse aux zones d’ombre est lancée
Pour la première fois, les recettes générées par les établissements publics, agences, offices, autorités administratives indépendantes et entreprises à participation de l’État sont scrutées avec la même exigence que les grandes régies classiques. Objectif : éviter que « des ressources échappent encore au Trésor public », selon un haut responsable du ministère du Budget.
À travers ces conférences, le gouvernement cherche à établir une cartographie exhaustive des capacités contributives de chaque administration. Henri-Claude Oyima, ministre d’État aux Finances, a été clair : « Ce processus vise à identifier les poches de résistance, les fuites de recettes, les estimations fantaisistes. Désormais, chaque franc compté devra être traçable. »
Vers une révolution fiscale et budgétaire dans la Vème République ?
Cette démarche préfigure une réforme de plus grande ampleur, touchant au système fiscal, à la numérisation des régies, à l’interconnexion des bases de données et à la lutte contre la fraude. Le gouvernement veut mettre fin à ce qu’un économiste proche du dossier qualifie de « zone grise budgétaire », qui fausse les arbitrages de dépenses et favorise l’endettement.
« En assainissant l’amont, nous pourrons mieux calibrer l’aval. Le budget doit reposer sur des recettes crédibles, pas sur des projections approximatives », a insisté Alexandre Barro Chambrier.
Plus qu’une conférence technique, il s’agit donc d’une opération politique de reconquête de la souveraineté budgétaire, où chaque ministère, chaque régie, chaque entité de l’État est désormais tenue de rendre des comptes.
GMT TV