Gabon: le RdB, de la mobilisation électorale à la structuration partisane

Quelques heures après l’annonce des résultats de la présidentielle du 12 avril 2025, la scène politique gabonaise se redessine. Lors d’une conférence de presse tenue ce lundi 14 avril, Anges Kevin Nzigou, coordonnateur général du Rassemblement des bâtisseurs (RdB), a annoncé que la plateforme qui a porté la candidature de Brice Clotaire Oligui Nguema deviendra officiellement un parti politique le 19 avril. Une décision qui confirme la mue stratégique d’un mouvement électoral en formation politique, avec pour ambition affichée de constituer « la majorité cohérente » du nouveau pouvoir.
De la coordination électorale à la structuration partisane. Initialement pensée comme une plateforme ouverte, regroupant plus de 4 000 associations, des partis satellites et une kyrielle d’adhésions individuelles, le RdB s’était donné pour mission de canaliser le soutien populaire autour du candidat de la transition. Mission réussie si l’on en juge par la victoire d’Oligui Nguema. Mais comme l’a souligné Anges Kevin Nzigou : « Allons-nous défaire ce qui a bien marché ? Non ». C’est ce pragmatisme politique qui motive désormais la transformation du RdB en formation politique officielle.
En se positionnant comme le futur socle de la majorité présidentielle, le RdB cherche à occuper un vide laissé par la décrédibilisation des partis traditionnels. La démarche n’est pas nouvelle sur le continent : en Afrique de l’Ouest comme en Afrique centrale, plusieurs chefs d’État issus de transitions ont vu naître autour d’eux des formations construites pour garantir une gouvernabilité sur mesure.
Un parti au service d’un homme ou d’une vision collective ?
Toutefois, la structuration annoncée du RdB soulève une interrogation de fond : cette transformation est-elle le signe d’une refondation idéologique ou d’une simple consolidation du pouvoir autour d’un homme ? Le discours du 14 avril, largement centré sur la personnalité du président élu, laisse penser que le RdB pourrait devenir, à terme, le prolongement politique du pouvoir exécutif. Une centralisation qui pourrait poser problème si elle n’est pas équilibrée par des mécanismes de contre-pouvoir et de débat interne.
En somme, le Gabon entre dans une nouvelle phase. Celle d’un pouvoir civil en construction qui devra rapidement transformer la ferveur populaire en projet politique structuré. La naissance annoncée du RdB en tant que parti politique marque un tournant : celui de la normalisation de la Transition et du début d’un nouveau cycle institutionnel. Reste à savoir si ce nouveau parti saura éviter les travers clientélistes de ses prédécesseurs pour réellement incarner une offre politique moderne, inclusive et tournée vers l’intérêt général.
GMT TV