Affaire Mboulou Beka : Joël Mapangou relance la bataille pour la vérité, 11 ans après

Près de onze ans après le décès de Bruno Mboulou Beka, à l’occasion d’un rassemblement de l’opposition, Joël Claincy Mapangou Mapangou brise le silence et annonce son intention de saisir les juridictions internationales. Dans une déclaration transmise à Gabon Media Time, l’acteur politique désigne deux anciens piliers du régime Bongo comme témoins clés : Ernest Mpouho Epigah et Bertrand Zibi Abeghe. Une démarche explosive qui relance la quête de justice autour de l’un des drames politiques les plus marquants de la décennie passée.
Justice enterrée, mémoire vivace. Le 20 décembre 2014, Bruno Mboulou Beka tombait sous les balles lors d’une marche pacifique de l’opposition à Libreville. Onze ans plus tard, aucun procès, aucun coupable, aucune justice. Un silence d’État qui, pour Joël Claincy Mapangou Mapangou, ne peut plus durer. « La nation mérite de connaître l’identité de son assassin », affirme-t-il, dénonçant l’impunité dont bénéficie encore ce crime, dans un Gabon qui prétend désormais rompre avec les pratiques du passé.
Dans sa déclaration à Gabon Media Time, Joël Claincy Mapangou met en cause sans détour l’ancien appareil sécuritaire du régime Bongo. Il annonce une saisine imminente des juridictions internationales, notamment en invoquant la Convention contre la torture et le Pacte relatif aux droits civils et politiques. Une plainte qui devrait, selon lui, permettre de rouvrir un dossier volontairement étouffé sous le pouvoir d’Ali Bongo Ondimba.
Deux témoins au cœur du système Bongo
Fait notable, l’homme politique cite deux noms pour étayer sa démarche : l’ancien ministre de la Défense, Ernest Mpouho Epigah, et l’ex-député et proche du pouvoir de l’époque, Bertrand Zibi Abeghe. Deux figures emblématiques de la galaxie présidentielle en 2014, aujourd’hui reconverties dans une posture de rupture ou d’effacement.
Si Bertrand Zibi est désormais connu pour son engagement contre le régime Bongo – après avoir lui-même été victime de détention arbitraire pendant près de six ans – son silence sur l’affaire Mboulou Beka interroge notre interlocuteur. Quant à Ernest Mpouho Epigah, cousin d’Ali Bongo et longtemps tout-puissant ministre de la Défense, il n’a jamais été entendu par la justice sur ces faits.
Un test pour la justice de la Vème République
Dans le contexte d’une refondation institutionnelle proclamée par le président Brice Clotaire Oligui Nguema, cette affaire pourrait constituer un véritable test pour la justice de la Vème République. Osera-t-elle convoquer les témoins ? Ouvrira-t-elle enfin une enquête digne de ce nom ? Autant de questions qui pèseront lourd dans la crédibilité des engagements de rupture et de vérité du nouveau pouvoir.
« Il n’y a pas de paix durable sans justice », rappelle Joël Claincy Mapangou Mapangou. Et le Gabon, hanté par les fantômes des violences politiques non élucidées, a besoin de se regarder en face. L’affaire Mboulou Beka, loin d’être un souvenir lointain, devient aujourd’hui une interpellation lancée à toute une nation : celle de ne pas oublier, ni pardonner, sans vérité.
GMT TV