Gabon : le Gén. Oligui Nguema révise à la baisse le contrat avec Karpowership
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Sous la pression des coupures d’électricité qui paralysent Libreville depuis plusieurs semaines, le gouvernement gabonais a renégocié son contrat avec la société turque Karpowership. Ce partenariat, initialement conclu dans des conditions controversées, fait l’objet d’une enquête de la Commission nationale de lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite (CNLCEI). Désormais revu, le contrat devrait permettre d’injecter 70 MW dans le réseau électrique de Libreville afin d’atténuer les délestages qui affectent durement la population.
Un contrat critiqué, une enquête en cours. Depuis sa signature en 2024, le contrat liant le Gabon à Karpowership suscite des interrogations. La principale critique porte sur les termes jugés défavorables pour le pays. L’État gabonais devait en effet s’acquitter de 12 milliards de francs CFA par mois pour bénéficier de l’électricité produite par la centrale flottante turque. De plus, il était également chargé de fournir le carburant nécessaire à son fonctionnement.
Face à ces conditions déséquilibrées, la CNLCEI a ouvert une enquête pour « soupçons de détournement de fonds publics, de corruption, d’enrichissement illicite et de conflits d’intérêts ». Deux ministres en poste, ainsi que plusieurs hauts responsables, sont dans le viseur de cette investigation qui pourrait faire la lumière sur d’éventuelles irrégularités dans la signature du contrat.
Une renégociation sous pression
Confronté à une crise énergétique croissante, le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, a pris l’initiative de renégocier les termes du contrat avec Karpowership. Selon la communication présidentielle, cette révision permet désormais « une meilleure gestion des coûts » tout en garantissant une fourniture d’électricité suffisante pour stabiliser le réseau électrique de la capitale.
« Très bientôt », assure la présidence, la société turque injectera 70 MW dans le réseau, ce qui devrait permettre de combler une partie du déficit actuel et d’atténuer les souffrances des ménages gabonais, particulièrement affectés par les délestages à répétition.
Des solutions d’urgence en attendant la restructuration du secteur
Dans l’attente de l’entrée en service de la centrale flottante, les autorités ont procédé à l’acquisition de deux groupes électrogènes de 1 500 kVA et 850 kVA. Ces équipements d’appoint permettront de fournir de l’électricité à environ 600 foyers ainsi qu’à des infrastructures essentielles comme les hôpitaux et les écoles. « Ces solutions d’urgence visent à stabiliser le réseau et réduire les délestages », a indiqué un haut responsable de la présidence. Toutefois, elles ne constituent pas une réponse durable à la crise énergétique que traverse le pays.
Vers une réforme en profondeur du secteur énergétique ?
La gestion de l’énergie est l’un des dossiers les plus sensibles de la Transition. Le gouvernement devra s’atteler à une refonte complète du secteur afin d’assurer un approvisionnement stable et à moindre coût pour les Gabonais. La renégociation du contrat avec Karpowership constitue un premier pas, mais d’autres mesures structurelles sont attendues pour garantir l’indépendance énergétique du pays et prévenir une nouvelle crise.
Alors que l’enquête de la CNLCEI suit son cours, cette affaire illustre une fois de plus les défis de gouvernance auxquels le Gabon est confronté. La capacité du gouvernement à assainir la gestion du secteur énergétique et à rendre des comptes sur ce dossier sera déterminante pour l’avenir du pays.
GMT TV