Gabon : le développement de la filière thonière toujours attendu
Identifié comme l’une des filières à forte valeur ajoutée dans le cadre de la diversification de notre économie, la filière thonière peine jusque-là à se faire une place de choix. Dans un secteur pêche capable de rajouter jusqu’à 270 milliards de FCFA au produit intérieur brut (PIB), cette filière aux chiffres éloquents puisque pas moins de 320 000 tonnes de thons sont pêchés dans les eaux gabonaises chaque année, peine à susciter l’intérêt des autorités gabonaises qui préfèrent miser sur les industries de rente que sont le pétrole, les mines et le bois. Alors que le développement de cette filière pourrait offrir au Gabon un véritable avantage comparatif.
Encourager la transformation du thon pêché dans les eaux gabonaises. Amélioration de la surveillance des activités de pêche à travers la mise en place d’un nouveau statut pour les observateurs à bord et la généralisation des balises pour la pêche artisanale. Amélioration de la gouvernance du secteur halieutique grâce notamment à la finalisation des textes, la finalisation de l’accord de pêche avec l’Union Européenne ou encore le renforcement du pavillon gabonais. Telles étaient les ambitions concernant la filière thonière dont le développement se fait toujours attendre.
Pourtant conscient du potentiel de cette filière négligée, le régime déchu d’Ali Bongo Ondimba en avait fait l’un des piliers de la transformation de notre économie et par ricochet de sa diversification par le biais de la structuration de la filière halieutique. Hélas bientôt 3 ans après le lancement en fanfare du Plan d’Accélération de la Transformation (PAT), rien ou presque n’a été fait, si bien que le thon pêché au large des côtes gabonaises qui représente près de 320 000 tonnes par an, continue d’être convoyé vers l’Union Européenne sans même être débarqué dans le pays. Un pays qui dispose d’une usine de pointe capable de booster le secteur.
Une absence de volonté des autorités qui freine le développement de la filière
En effet, en créant la société industrielle et frigorifique du Gabon (Sifrigab) le 27 octobre 2005, une société spécialisée entre autres dans la production de poissons frais, qui devait par ailleurs remplir le double objectif de contribuer à la réduction des importations de poissons et favoriser la consommation d’un grand nombre d’espèces non ciblées, l’exécutif gabonais ambitionnait déjà développer cette filière prometteuse. Preuve de cette ambition, la construction d’une usine de pointe dans la zone d’OWendo où sont nichées les principales sociétés du domaine portuaire. Près de 20 ans plus tard, force est malheureusement de constater qu’à la fois l’usine et la société sont en état de mort cérébrale.
Réactualisant donc cette ambition vieille d’une vingtaine d’années à travers un PAT aux allures de miroir aux alouettes et dont la poursuite ne devrait pas constituer une priorité pour le gouvernement de transition, l’exécutif gabonais n’a finalement rien fait pour la viabiliser. Or, le thon, considéré comme l’un des produits de la mer les plus importants avec plus de 4,4 millions de tonnes pêchées dans le monde, fait partie des 2 produits de la mer les plus vendus sur la planète avec 75% des volumes pêchés utilisés par l’industrie de la conserve et 25% par la consommation directe. Un marché colossal ignoré par l’Etat gabonais qui préfère tout miser sur ses industries de rente.