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Gabon : l’autonomie mal encadrée des services publics personnalisés

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L’affaire Gab’Oil révèle un problème récurrent dans le paysage administratif gabonais : une gestion mal encadrée de l’autonomie des services publics personnalisés (SPP). Ces entités, tout en étant rattachées à l’État, fonctionnent souvent comme des structures indépendantes, au point de se considérer, à tort, comme détachées de toute tutelle administrative ou financière. Cette perception erronée a été identifiée dès 2023 par le gouvernement dans son projet de loi de finances, qui évoquait déjà un mal profond dans la gouvernance de ces structures. 

Selon le document, leur autonomie mal encadrée nourrit des pratiques managériales douteuses, expose les finances publiques à des risques élevés et dilapide les ressources sans reddition de comptes. Le manque de supervision est au cœur du problème. Le document budgétaire 2023 soulignait que « la faiblesse des tutelles technique et financière » entrave un contrôle efficace des SPP. Cela signifie que les départements ministériels de tutelle et le ministère des Comptes publics peinent à jouer leur rôle de superviseurs, laissant les dirigeants de ces entités prendre des décisions parfois controversées en toute impunité. 

Gab’Oil en est un exemple frappant : des dépenses faramineuses, un déficit chronique et une accumulation de dettes, le tout dans un environnement où la transparence est quasi inexistante. En outre, l’absence de reporting financier est un problème majeur. Sans rapports réguliers sur les performances financières, il est impossible pour l’État de mesurer la pertinence des choix budgétaires ou d’évaluer l’efficacité des SPP. Cela a conduit à des abus qui, s’ils ne sont pas immédiatement détectés, finissent par compromettre la viabilité de ces structures. Gab’Oil, avec ses pratiques opaques, démontre que la transparence n’est pas simplement une formalité administrative, mais un élément crucial pour prévenir les dérives et garantir l’efficacité des finances publiques.

Corriger les dysfonctionnements

Pour corriger ces dysfonctionnements, une réforme profonde est indispensable. Il ne s’agit pas seulement de redéfinir les règles de gouvernance des SPP, mais aussi de responsabiliser leurs dirigeants. La mise en place de mécanismes de contrôle indépendants, associés à des sanctions pour les contrevenants, pourrait dissuader les abus tout en rétablissant la confiance dans ces entités. Une meilleure coordination entre les tutelles technique et financière est également nécessaire pour garantir une surveillance efficace.

En fin de compte, l’autonomie des SPP ne doit pas être perçue comme une indépendance totale, ce qui est actuellement le cas, mais comme une délégation de gestion au service de l’intérêt général. Sans une réforme adaptée, les risques budgétaires et les scandales comme celui de Gab’Oil resteront omniprésents, mettant en péril non seulement les finances publiques, mais aussi les objectifs de développement économique et social du Gabon.

Morel Mondjo Mouega

Titulaire d'une Licence en droit, l'écriture et la lecture sont une passion que je mets au quotidien au profit des rédactions de Gabon Media Time depuis son lancement le 4 juillet 2016 et de GMTme depuis septembre 2019. Rédacteur en chef

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