Gabon : la redevance de sûreté aérienne augmente de 157 % sur les vols régionaux

Dans un contexte économique marqué par l’érosion du pouvoir d’achat et la stagnation du secteur touristique, le gouvernement gabonais vient d’imposer une nouvelle hausse qui frappe directement les voyageurs. À compter du 1er juin 2025, la redevance de sûreté aérienne sur les vols régionaux passe de 7 000 à 18 000 FCFA, soit une hausse vertigineuse de 157 %. Une mesure qui, au lieu de dynamiser la destination Gabon, semble en compromettre un peu plus l’attractivité.
Appliquée à tous les passagers au départ des aéroports gabonais, cette taxe vise officiellement à renforcer les dispositifs de sécurité aéroportuaire. Mais en réalité, elle s’ajoute à une longue liste de redevances qui alourdissent considérablement le prix des billets. Cette augmentation, actée par l’arrêté ministériel n°000351/MTMM/CAB-M du 30 avril 2025, signé par l’ancien ministre des Transports Jonathan Ignoumba, suscite incompréhension et colère tant chez les usagers que chez les professionnels du secteur.
Une hausse incohérente dans un secteur déjà sinistré
Depuis la pandémie de Covid-19, le transport aérien peine à redécoller. Trafic affaibli, raréfaction des lignes intérieures, cherté des carburants, coûts d’exploitation en hausse… À ces difficultés structurelles s’ajoutent désormais des décisions réglementaires qui relèvent plus du coup de massue fiscal que de la stratégie de relance.
« C’est incompréhensible. On parle de faire du Gabon une plaque tournante régionale, mais on rend les billets d’avion inaccessibles. Qui va venir investir ou faire du tourisme dans ces conditions ? », s’indigne un opérateur de voyages interrogé par Gabon Media Time. Et pour cause : cette seule redevance représente désormais plus de 30 % du prix moyen d’un vol Libreville-Cotonou en classe économique.
Une décision à contresens des dynamiques régionales
À l’heure où plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et centrale réduisent les taxes aériennes pour attirer compagnies et touristes, le Gabon choisit d’augmenter ses prélèvements. Un choix à contrecourant qui pourrait aggraver l’isolement du pays et dissuader les compagnies de renforcer leurs dessertes régionales. Le signal envoyé est désastreux : voyager au Gabon devient un luxe réservé à une minorité.
Pire encore, aucune étude d’impact ni consultation sectorielle n’a précédé cette mesure. Les syndicats de transport, agences de voyage, compagnies aériennes et professionnels du tourisme affirment ne pas avoir été associés au processus décisionnel. Une méthode qui interroge sur la cohérence des orientations gouvernementales en matière de développement économique.
Un appel à la responsabilité du nouveau ministre et au chef de l’État
Face à cette situation, le nouveau ministre des Transports Ulrich Manfoumbi est interpellé. Il ne peut ignorer la grogne croissante ni les appels à suspendre cette décision qui nuit au redressement d’un secteur vital. La suppression ou, à tout le moins, la révision de cette redevance est aujourd’hui un impératif stratégique et politique.
Enfin, le président de la République Brice Clotaire Oligui Nguema, garant de la vision de transformation du pays, est invité à arbitrer ce dossier avec lucidité. Car il ne saurait y avoir de tourisme sans accessibilité, ni de développement sans mobilité régionale. Le ciel gabonais ne peut devenir un espace réservé à une élite fortunée. Il est temps de lever les freins fiscaux et d’ouvrir enfin la voie à une relance sérieuse du transport aérien national et régional.
GMT TV