Gabon : la politique du logement parasitée par une gouvernance insuffisante

Le rapport Étude prospective Gabon 2050, élaboré par le ministère de la Planification et de la Prospective, dresse un constat critique sur l’état du secteur de l’habitat et du logement au Gabon. Ce document stratégique, qui vise à anticiper les transformations structurelles du pays à l’horizon 2050, souligne les avancées institutionnelles et les ambitions affichées en matière de logement social, mais aussi les obstacles majeurs qui freinent leur concrétisation. Dès 2009, le Plan stratégique Gabon émergent (PSGE) fixait un objectif de 5 000 logements construits chaque année. Cependant, les résultats restent très en deçà des attentes, en raison d’un pilotage déficient.
« Les retards dans la mise en œuvre, combinés à une mauvaise coordination et à des problèmes de corruption, ont largement freiné la concrétisation de ces ambitions », souligne le rapport. Malgré la relance opérée par le Plan d’accélération de la transformation (PAT) en 2021, la demande en logements continue de dépasser l’offre, en particulier dans les centres urbains. Le PEDT, qui prévoit 6 000 logements sociaux entre 2024 et 2026 pour un coût estimé à 111 milliards de FCFA, veut combler cette lacune. Il comprend aussi des mesures d’accès à la propriété, comme l’initiative « Un Gabonais, un terrain », et l’assainissement du foncier via l’ANUTTC.
Un déficit structurel aggravé par la spéculation foncière
Malgré ces efforts et ambitions, le manque de logements est toujours « criant, avec un déficit estimé à environ 251 000 unités en 2023 », révèle le document. La prolifération de quartiers précaires en périphérie urbaine traduit l’échec partiel des politiques publiques. Malgré l’implication d’acteurs variés, comme la Société nationale immobilière (SNI), des promoteurs privés ou des partenaires internationaux tels que l’ONU-Habitat et la Banque mondiale, la réponse reste insuffisante, prévient le ministère de la Planification.
« Si le Gabon a initié des réformes et des programmes ambitieux pour améliorer le secteur de l’habitat et du logement, la réalisation des objectifs est compromise par une gouvernance insuffisante, des retards dans l’exécution des projets et une spéculation foncière exacerbée », martèle le rapport. L’étude recommande une meilleure coordination institutionnelle, la simplification des procédures, et la mise en place de mécanismes de suivi efficaces pour garantir un usage optimal des ressources et renforcer l’impact social des politiques de logement.
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