Gabon : la mission protestante de Baraka en état de vétusté

Symbole historique et berceau du système éducatif gabonais, la mission protestante de Baraka, située dans le quartier Glass dans 4ème arrondissement de la commune de Libreville, est aujourd’hui à l’abandon. Une enquête du quotidien L’Union, parue ce mardi 8 juillet 2025, tire la sonnette d’alarme sur l’état de vétusté avancée de ce site chargé d’histoire. Lecture!
Selon les témoignages recueillis, la mission protestante de Baraka fut le premier site d’implantation des missionnaires protestants américains de Boston, membres de l’American Board of Commissioners for Foreign Missions, dès les années 1830. C’est là que, le 1er juillet 1842, les missionnaires John Leighton Wilson et Benjamin Griswold ouvrirent la première classe du pays, accueillant alors quinze élèves qui étaient tenues par des originaires du Cap de Palmes, d’ethnies grebo, peut-on lire dans les colonnes de L’Union.
patrimoine en péril, un appel à la mémoire nationale
Pourtant, malgré sa valeur patrimoniale inestimable, le site est aujourd’hui laissé à l’abandon. Selon les responsables de l’Église Évangélique du Gabon (EEG), le pasteur Rostand Essono Ella et le révérend Wora, aucune des anciennes salles de classe n’a été restaurée. Pire, certaines ont été transformées en habitations de fortune. Une situation que les autorités, tant religieuses que publiques, semblent ignorer. « Ce lieu pourrait être un véritable site touristique. Il a vu passer des esclaves noirs dès 1832, en plus d’avoir abrité les premières leçons dispensées en anglais et en mpongwè », ont rappelé les responsables religieux à L’Union. Aujourd’hui, les murs lézardés et les toitures effondrées contrastent avec l’importance historique du lieu.
À l’heure de la 5ᵉ République, ce pan de l’histoire nationale mérite mieux. Il incarne non seulement les débuts de l’enseignement au Gabon, mais aussi une part importante de notre mémoire collective. Il est impensable que ce site, véritable pilier de l’éducation et témoin du passé colonial et missionnaire, soit abandonné à son sort. Il est plus que temps que les plus hautes autorités ,civiles comme ecclésiastiques, prennent conscience de l’urgence de sauvegarder ce patrimoine. La mission de Baraka n’est pas seulement un souvenir, elle est un socle, une racine, un récit que l’on ne peut laisser disparaître dans l’indifférence.
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