Gabon: la direction générale de la prospective, une force de proposition négligée
Bien que créée dans l’optique de « mettre en œuvre la politique du Gouvernement en matière d’exploration des différentes options de développement, de projection et d’anticipation des phénomènes socio-économiques », la Direction Générale de la Prospective reste pour l’heure en marge des principales décisions prises par l’exécutif. Malgré des propositions souvent judicieuses, à l’image de celles relatives aux allocations gouvernementales en faveur des GEF dans le cadre de la lutte contre les effets du covid-19, cette direction peine à se trouver une place de choix.
Censée constituer une véritable force de proposition pour le gouvernement notamment en matière de politique de développement, de projection et surtout d’anticipation des phénomènes socio-économiques à l’image de la pandémie de covid-19, la direction générale de la prospective semble réduite à un rôle miner dans l’organigramme du ministère de l’Economie et de la Relance. En dépit de propositions intéressantes, l’organe gouvernemental dirigé par Adrien Ella Abessolo, semble volontairement limité dans son approche.
Pour preuve, en avril 2020, au plus fort d’une crise du covid-19 aux effets sans précédents et qui a bouleversé la structure socio-économique du pays, les recommandations faites par la direction générale de la prospective à travers deux notes d’analyses portant à la fois sur les allocations gouvernementales en faveur des ménages économiquement faibles et les effets de la chute des cours du brut, n’ont pour ainsi dire, pas été prises en compte. Or, celles-ci, tenant compte des données en temps réel, pouvaient constituer une véritable approche systémique.
Basée à la fois sur un modèle d’équilibre général, des éléments probants de comparaison mais également des hypothèses de calcul aussi bien pour ce qui est des effets de la chute des prix du baril, que pour ce qui est des estimations des allocations gouvernementales, ces notes d’analyses passées à la broyeuse par le gouvernement, stigmatise un véritable manque de transparence. Une transparence qui se révèle d’ailleurs, à l’heure de faire le bilan du plan de résilience à 227 milliards de FCFA annoncé il y a un an.
A l’heure du Plan d’accélération de la transformation (PAT) 2021-23 qui nécessite pour sa mise en oeuvre, une réelle et véritable implication collective, cette mise à l’écart dans la sphère décisionnelle, d’organes tels que la direction générale de la prospective créée on le rappelle par le décret n°0410/PR/MEPIP du 20 août 2015, pourrait avoir un impact considérable. Si l’on y ajoute la faiblesse de compétence au sein d’une direction générale de l’Économie aux abonnées absents, c’est tout le processus de relance qui pourrait être biaisé.