Gabon: la difficile consommation des produits locaux
Alors que la Direction générale de l’artisanat et du développement a lancé, depuis le 15 juillet dernier, le mois de la consommation afin de promouvoir les produits made in Gabon auprès des populations, il semble que les carences à combler demeurent. Au nombre de celles-ci, la faible consommation des produits locaux due en grande partie à leur cherté et le manque d’exposition dans les grandes surfaces qui proposent les produits importés de même nature et ce, à moindre coût.
Valoriser le savoir-faire des artisans gabonais et célébrer la créativité de ces derniers à travers la consommation des produits locaux est une initiative qui pourrait ouvrir de nouvelles perspectives aux producteurs et artisans. Pourtant le chemin vers l’idéal “consommation de produits locaux” demeure parsemé d’embûches. En effet, les produits importés bon marché continuent de damer le pion à ceux mis dans le circuit économique par nos compatriotes voire des opérateurs désireux de vendre le label Made In Gabon.
Cela s’expliquerait certainement par deux facteurs clés à savoir : les prix pratiqués et la place desdits produits dans les rayons des commerces. Pour ce qui est du premier cité, il est connu de tous que les grandes surfaces assiégées par les consommateurs privilégient majoritairement une gamme de produits variée avec en plus des prix abordables quand ceux issus du terroir sont relativement deux fois plus chers. Fait patent à Prix Import où le prix du pot de confiture importé excède rarement 2000 Fcfa tandis que celui de l’artisan tourne autour de 3000 Fcfa en moyenne.
Dans un contexte économique rendu davantage difficile avec la crise sanitaire liée au covid-19, le choix est promptement fait. A cela s’ajoute le manque de visibilité des produits du terroir dans les espaces commerciaux classiques. Seuls les produits non transformés parviennent à se frayer une voie. Et là encore, il est judicieux de préciser qu’il demeure la dépendance aux pays frontaliers. Le cas pour le manioc importé en patte depuis le Congo quand la banane vient du Cameroun. Une bien triste réalité.
A l’heure où les voyants semblent au vert pour s’intéresser à cette question d’une haute importance, le gouvernement gagnerait à faire le diagnostic de la concurrence entre les produits locaux et ceux importés. Un préalable qui permettrait de disséquer le mal à la racine. A ce niveau, des actions ciblées seront prises pour panser les plaies de l’artisanat et commerçant gabonais qui tournent en perte et ce, en partie grâce à l’absence d ‘accompagnement de l’Etat. Quid des exonérations fiscales pour les petits commerçants? Une piste de solution qui permettrait à ce dernier de voir chuter son coût de production qui aura une incidence directe sur le prix de vente. Vivement que le gouvernement s’y penche au plus vite.
Geneviève Dewuno