Gabon : la Banque mondiale s’alarme d’une baisse inquiétante de la richesse par habitant

Dans sa Note de conjoncture économique 2025, la Banque mondiale dresse un constat préoccupant : malgré une croissance notable de la richesse nationale du Gabon, le pays voit sa richesse par habitant chuter de manière inquiétante. Entre 1995 et 2020, la richesse globale a progressé de 35 %, atteignant 60 mille milliards de francs CFA, portée par l’exploitation de ressources naturelles, le développement d’infrastructures et les investissements sociaux. Cependant, cette hausse globale masque une réalité plus sombre : la richesse par habitant a reculé de près de 35 %, traduisant une incapacité persistante à transformer durablement les richesses nationales en bien-être partagé.
Cette contradiction apparente s’explique par une combinaison de facteurs structurels. Alors que le Gabon a profité d’un boom pétrolier entre 2009 et 2016 pour renforcer ses capacités physiques et humaines, la croissance démographique rapide a dilué les bénéfices économiques. En effet, la population est passée de 1,2 à 2,3 millions d’habitants sur la période observée. Dans le même temps, le pays n’a pas su diversifier suffisamment son économie ni convertir efficacement ses ressources naturelles en capital humain et productif. Ainsi, malgré des actifs importants, le pays peine à générer des revenus stables, à créer des emplois et à améliorer durablement le niveau de vie de ses citoyens.
Un modèle économique à repenser pour un développement inclusif
La Banque mondiale souligne que le Gabon est l’un des rares pays au monde à avoir enregistré simultanément une baisse du PIB et de la richesse par habitant au cours des 25 dernières années. Cette situation met en évidence l’essoufflement d’un modèle économique trop centré sur l’exploitation extractive, au détriment de la valorisation des compétences humaines et de l’innovation. Les inégalités persistent, et l’écart se creuse entre les indicateurs macroéconomiques positifs et les réalités sociales vécues par la population. Le manque de transparence dans la gestion des revenus tirés des ressources naturelles vient aggraver ce décalage, alimentant frustrations et instabilité.
Face à cette dynamique préoccupante, la Banque mondiale préconise d’activer plusieurs leviers de réforme. Le retour du Gabon dans l’Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE) en 2025 représente une opportunité majeure pour améliorer la gouvernance des ressources naturelles. Il s’agit désormais de renforcer la transparence, d’assurer un meilleur ciblage des investissements publics et de veiller à leur cohérence avec les capacités budgétaires du pays. En parallèle, des efforts soutenus sont attendus pour améliorer la qualité des services publics, notamment dans l’éducation et la santé, éléments clés d’un capital humain robuste. À long terme, seule une stratégie de développement fondée sur l’inclusion, la diversification économique et une gestion rigoureuse des ressources permettra au Gabon de redresser durablement sa richesse par habitant.
GMT TV