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Gabon: Jessica Pessi, veuve Moulomba, à la tête de l’ARENA en quête de positionnement

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Sans grande surprise, le premier congrès de l’Alliance pour la Renaissance Nationale (ARENA), tenu dans la salle des fêtes de l’église des Rois Mages d’Akébé, a consacré l’accession de Jessica Pessi, veuve de Richard Moulomba Mombo, à la présidence du parti. Un passage de témoin qui, bien que prévisible, soulève des interrogations quant à l’avenir politique de cette formation, créée en 2012 par son défunt mari, ancien secrétaire général de l’Union du Peuple Gabonais (UPG) et fidèle lieutenant de Pierre Mamboundou.

Trois jours durant, militants et cadres du parti se sont réunis pour acter cette transition interne, une décision attendue après le décès, le 19 avril 2024, de Richard Moulomba Mombo. Mais au-delà de la symbolique du choix de la veuve du fondateur, la question de la ligne politique de l’ARENA reste entière. À moins de trois mois de la présidentielle du 12 avril dernier, le parti s’est gardé de toute prise de position claire.

Interpellée sur l’avenir politique de l’ARENA, Jessica Pessi s’est contentée d’une déclaration aux accents sociaux, rappelant les propos de son défunt mari. « L’assertion selon laquelle il n’y a ni opposition ni majorité en période de transition ne tient pas à trahir l’observation faite et affirmée par feu Richard Moulomba, selon laquelle, même en cette période d’exception, les riches continuent de s’enrichir et les pauvres s’appauvrissent encore », a-t-elle précisé. 

Une novice en politique, mais pas isolée

Si Jessica Pessi fait ses premiers pas en politique, elle n’évoluera pas en terrain inconnu. Des figures historiques de l’ARENA et de l’UPG, comme le colonel à la retraite Théophile Makita Niembo et Jean-Pierre Rougou, étaient présents à cette rencontre. Des soutiens qui pourraient lui permettre de structurer une direction capable de faire face aux défis à venir. « Il n’y a pas d’école pour apprendre à faire de la politique. Jessica Pessi pourrait donc compter sur les cadres historiques du parti et sur l’héritage de son époux pour asseoir son leadership », confie un congressiste sous couvert d’anonymat.

Mais la nouvelle présidente devra également gérer les tensions internes, notamment avec l’aile dissidente d’ARENA, menée par Simplice Ibouanga, dont l’opposition au leadership de Moulomba Mombo s’était affirmée de son vivant.

Un positionnement politique à clarifier

Désormais à la tête du parti, Jessica Pessi doit composer un nouvel exécutif et trancher sur la ligne politique d’ARENA. La question de son alignement ou non sur la transition dirigée par Brice Clotaire Oligui Nguema demeure. D’autant plus que lors des obsèques de Richard Moulomba, le chef de l’État de transition avait marqué sa présence en apportant un soutien notable à la famille du défunt, jusqu’à offrir une résidence à la veuve et à ses enfants.

Ce contexte alimente les spéculations sur une possible proximité entre ARENA et le pouvoir actuel. Reste à savoir si Jessica Pessi saura s’émanciper de cette image pour affirmer une identité politique forte et autonome. Le chantier qui l’attend est immense, et les prochaines semaines seront décisives pour déterminer si l’ARENA, sous sa direction, restera une force politique influente ou si elle s’enlisera dans les divisions internes et le manque de vision stratégique.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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