Gabon : Idriss Ngari, le Général tonnerre s’est éteint

Figure centrale de l’histoire politico-militaire gabonaise des dernières décennies, le général d’Armée Idriss Ngari s’est éteint ce mardi 27 mai 2025 au Maroc à l’âge de 79 ans. Avec sa disparition, le Gabon perd l’un de ses derniers grands barons de l’ère Omar Bongo, un homme au parcours aussi redouté que respecté, forgé dans la rigueur militaire et l’exercice du pouvoir.
Il était de ces hommes dont la trajectoire épouse celle de l’histoire d’un régime. Né le 2 avril 1946 à Ngouoni dans la province du Haut-Ogooué, Idriss Ngari, officier de formation passé par l’École des officiers de Bouaké et par Montpellier, a servi avec loyauté celui qu’il appelait « le père », le président Omar Bongo Ondimba, dont il fut l’aide de camp, puis chef d’état-major des armées pendant dix ans.
Un soldat devenu ministre
De l’uniforme au costume ministériel, le pas fut franchi en 1994, à la faveur d’une nomination à la tête du ministère de la Défense, après l’épisode controversé de la destruction de Radio Liberté, symbole d’une époque de tensions et d’autorité. Il inaugura alors une longue carrière gouvernementale : Défense, Intérieur, Transports, Travaux publics, Tourisme, Santé… Peu de portefeuilles lui auront échappé.
Surnommé « général tonnerre » pour son tempérament impétueux et sa poigne, il fut l’un des piliers du Parti démocratique gabonais (PDG), véritable cacique du système Bongo. Proche du patriarche Omar Bongo mais rival déclaré d’Ali Bongo, il fut progressivement marginalisé au fil de la transition dynastique, jusqu’à son éviction du gouvernement en 2009, après avoir renoncé à briguer la présidence.
Un homme de réseau, une figure de pouvoir
Élu plusieurs fois député, vice-président de l’Assemblée nationale, fondateur du club de football Canon 105, instigateur des opérations dites Nguené dans l’armée, Idriss Ngari a construit un réseau d’influence puissant, notamment dans sa province natale du Haut-Ogooué, où il demeura un acteur politique de premier plan.
Musulman convaincu, membre actif du Conseil supérieur des affaires islamiques, il aura été de toutes les batailles du régime, au nom d’un certain ordre, d’une certaine vision de l’État, autoritaire, vertical, et centralisé.
La fin d’une époque
Avec sa disparition, c’est un chapitre de l’histoire gabonaise qui se referme. Celui des militaires tout-puissants devenus ministres, des rivalités feutrées au sein du PDG, et de l’omniprésence du pouvoir dans toutes les strates de la vie nationale.
Idriss Ngari n’était pas un homme de demi-mesures. Il était un homme d’État dans la plus classique acception du terme. Un officier politique dont l’héritage, fait d’ombre et de lumière, continuera de nourrir la mémoire collective. Le Gabon pleure un fils, l’histoire retiendra un acteur.
GMT TV