Gabon : Dr Louma réclame la reconnaissance d’utilité publique pour la clinique ALIA & ZEIDA

À l’occasion du 5e anniversaire de la Clinique ALIA & ZEIDA, premier centre de désintoxication du Gabon, et des 30 ans de lutte contre la drogue menés par l’ONG Agir pour le Gabon, le Dr Alphonse Louma Eyougha a interpellé les autorités. Il dénonce le blocage administratif autour de la reconnaissance d’utilité publique de son établissement, pourtant crucial dans la lutte contre les addictions.
Depuis 1995, le Dr Alphonse Louma Eyougha, président de l’ONG Agir pour le Gabon et sénateur de la Transition, porte à bout de bras un combat contre les addictions. En 2020, il fonde la clinique ALIA & ZEIDA, qui accueille en cinq ans près de 600 patients, principalement jeunes, souffrant de polyconsommation de drogues comme le cannabis, le tramadol ou encore le crack.
Un combat pionnier pour la santé publique
Installée à Libreville, la clinique se veut un modèle de réhabilitation. Elle mobilise une équipe pluridisciplinaire composée de deux addictologues, de médecins généralistes, de psychologues, d’un maître de yoga, d’un coach sportif, d’un maître-nageur et de personnel logistique. La prise en charge, holistique, vise à réinsérer les patients dans la société après un processus de rémission longue.
« L’addiction est une maladie chronique au même titre que le diabète ou le cancer. On ne guérit pas, on entre en rémission », a insisté le Dr Louma, rendant hommage au Pr Laurent Karila. Il en appelle à une mobilisation nationale, tant politique que sécuritaire, pour lutter contre les trafics et accompagner les malades souvent marginalisés.
Une reconnaissance bloquée depuis plus d’un an
Malgré sa contribution reconnue, le centre ALIA & ZEIDA n’a toujours pas été reconnu d’utilité publique. « Avant la transition, un ministre nous avait demandé d’adhérer au PDG pour cela. Depuis le changement de régime, le dossier est bloqué depuis 18 mois au ministère de la Santé », s’est indigné le médecin.
Le Dr Louma rappelle que le Dialogue national inclusif a recommandé l’ouverture de centres de désintoxication dans chaque chef-lieu de province. Dans ce contexte, il estime incompréhensible que le premier centre opérationnel du pays ne bénéficie pas d’un statut officiel lui permettant de consolider ses actions.
Un appel direct au président Oligui Nguema
Le sénateur a lancé un appel solennel au chef de l’État : « Le président Oligui Nguema doit comprendre qu’en attendant que l’État construise ses propres structures, notre clinique doit être reconnue d’utilité publique ». Il assure que son équipe est prête à partager son expertise avec toutes les initiatives en faveur des malades.
Clôturant son allocution, le Dr Louma a remercié les forces de sécurité, les personnels de santé et tous ceux qui, dans l’ombre, soutiennent son combat. Il reste convaincu que la nouvelle République ne saurait tolérer l’indifférence face à un fléau aussi ravageur que la drogue.
GMT TV